Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Eh ! bien, la postérité devait se montrer précisément aussi salope que les contemporains.

À l’étonnement inexprimable de quelques anachorètes fervents qui pensaient, en leurs extases, que le grand Lamentable assassiné par « la Bêtise au front de taureau » sous laquelle sa raison lumineuse avait succombé, allait reparaître enfin, dans les splendeurs et les claironnements d’une apothéose, — il se rencontra d’importants journaux pour renouveler les vieux outrages et l’ignorance absolue de tout le public soi-disant lettré pour les accueillir…

Ce serait à désirer vraiment qu’une loi maternelle, en condamnant à n’importe quel supplice de mort les gens de génie, les débarrassât, s’il était possible, avant qu’ils eussent accompli leurs œuvres, d’une existence qui ressemble à un temps d’enfer, — où la résignation du flagellé n’est pas même soutenue par la bouffonne espérance d’une rétribution posthume qui consolerait ses admirateurs !

IV

On assure qu’il y a eu des temps meilleurs. Je n’y étais pas et j’en doute un peu. La hauteur de l’esprit est impardonnable et impardonnée dans tous les siècles. Il est probable, néanmoins, que jamais une pareille impossibilité de subsister ne s’était vue pour les écrivains de talent.