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sous la poussière d’une vingtaine de générations !

Remarquez bien qu’il ne s’agissait pas du tout avec ce témoin du passé d’une équivoque rêverie mystique. C’était fait, cela, archifait depuis longtemps par tous les entrepreneurs d’attendrissement qui ont travaillé la muqueuse nasale de l’innocence.

Il fallait parler de Jésus en croix, de la Vierge Marie, de l’Ange gardien, reprendre toutes les vieilles idées, toutes les vieilles images dévotes que des siècles d’accoutumance balourde ont banalisées, délavées, déteintes jusqu’au ridicule, et les restituer à la vie et au flamboiement. Tel fut le prodige.

Pour l’homme qui pense, l’histoire littéraire n’a rien à offrir de plus surprenant. Car enfin, c’était presque une chimère qu’un tel dessein. Glorifier le Saint-Sacrement et la Prière dans des vers si beaux que l’incroyante jeunesse de la poésie contemporaine fût forcée de les admirer avec passion et d’en devenir l’écolière ! C’était un peu plus fort que d’implanter le panthéisme du vieil Hugo ou le nirwâna de Leconte de Lisle.

Faut-il — vraiment — qu’une société catholique soit agonisante, perdue sans ressource, enterrable à courte échéance, pour qu’il ne se soit pas levé au milieu d’elle un seul être généreux et intelligent, qui prît sur lui d’annoncer à l’idiote cohue l’aubaine infinie de cet inespérable renfort !