cupérer ses lambeaux terrestres, depuis bientôt deux mille ans qu’elle s’est assoupie dans le fond des cieux.
Le malheureux, néanmoins, n’est pas prophète. Il ne sait pas le moment précis, la minute élue pour l’apparition de la Face conspuée dont l’aspect changera la neige des monts en ruisseaux de feu. Mais il croit deviner que cette minute est sa voisine et son désir déflagrant la veut manifeste, soudaine, extemporanée, crevant tout de son éclat, comme une intrusion de soleil.
Cette minute est la vierge de son choix, l’idéale vierge de dilection infinie, que tous les ancêtres de sa convoitise ont successivement attendue ; mais cette inviolable est voilée nonpareillement, emmaillotée de même façon qu’une reine de Saba défunte, empaquetée de ténèbres, grillagée comme une lionne, et les mains du pauvre fiancé sont si débiles !…
Ernest Hello est un nouveau Siméon, douloureux et inexaucé, qui ne voudrait pas s’en aller, lui non plus, sans avoir tenu dans ses bras la « Lumière des nations » guettée si longtemps par lui du haut des cadavres de ces siècles morts qui s’étaient abattus de vieillesse en renonçant à la voir venir.
Il s’en est allé, pourtant, les bras vides et le cœur brisé, abandonnant son rêve, — ainsi qu’un empire de douleurs, — à d’autres Tantales de l’Honneur de Dieu, s’il plaît à ce Maître infini-