Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est qu’en effet, Flaubert est parmi tous les pédagogues de la présente génération, celui qui a le plus admirablement réussi à ne rien mettre du tout sous l’épitoge d’or ou la chape constellée dont il affublait les Aquilons qui sortaient de son caverneux esprit.

À ce point de vue la Tentation de Saint Antoine est un prodige sans égal.

Les Goncourt se sont bornés à la divulgation des petites aventures phalliques de quelques peinturiers ou plumassiers de leur connaissance.

Soyons justes. Ils ont accompli cette besogne notoire avec une conscience de tous les diables, avec la probité fière des écrivains qui n’ont absolument rien dans l’âme et qui le démontrent loyalement en des volumes de quatre cents pages.

Doués d’une obstination d’helminthes ou de dragoncules, ils ont perforé, taraudé, limé, râpé, raclé, frotassé la pauvre langue française en des phrases précieuses dont le piètre objet disparaît lui-même, comme le béton sous la mosaïque.

Leur œuvre déjà n’intéresse plus que les merlans du journalisme ou les derniers byzantins des écuries du Copronyme.

Pour Flaubert, c’est une autre affaire.

« Ô rien sans subsistance ny estre quelconque ! écrivait saint François de Sales, Ô rien vous es-