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si universellement sentie et promulguée par de si compétents législateurs !

Les décadents du mourant empire de Théodose et de Constantin, ces fameux décadents admirés aujourd’hui, avec frénésie, par quelques poètes contemporains et gélatineux qui semblent porter la moelle de leur colonne infertile entre les dix doigts de leurs pieds, — ces résidus, extatiquement suçotés, de l’émonctoire païen, renieraient avec désespoir des thuriféraires aussi mal-venus, s’ils avaient l’infortune de ressusciter pour les connaître.

Les plus débiles héritiers de Lucain ou de Juvénal avaient encore, malgré tout, un semblant d’âme que faisait vibrer, en quelque façon, le permanent cataclysme des fléaux de Dieu.

Ils adoraient parfois des tronçons d’idoles décapitées par le Christianisme naissant ou disloquées par la trépidation des cavaleries barbares, mais ils ne suppliaient pas les Prépositions et les Ablatifs de les délivrer. Ils n’offraient point de sacrifices ni de libations aux Verbes défectueux qui gouvernent le génitif.

Les écrivains d’alors subsistaient aussi plantureusement qu’il leur était donné de le faire, du vieil haricot cicéronien, sans mettre leur espérance et leur fin dernière dans l’épithète rarissime ou l’orchestration de l’apodose.

On avait, au moins, l’avantage de se douter de quelque chose et on gémissait au petit bonheur dans un monde qui crevait d’effroi.