Alors que tout flambait sur le territoire ; quand la noble France livrée par son propre chef et opprimée sous le talon du voyou Prussien, râlait dans la boue du sang de ses lions immolés, en regardant l’aigle noir déchiqueter son ciel de lumière ; quand les innocents ou les faibles que la mitraille avait épargnés, mouraient de famine sous le vent polaire qui s’exhala des poumons germains en cette année d’abomination ; — ces pacifiques messieurs « esthétisaient » en ripaillant dans de petits coins abrités, l’un prenant des notes littéraires et l’autre vociférant contre les vaincus.
L’occasion leur semble aujourd’hui venue d’afficher un patriotisme divin. M. de Goncourt publie ses memoranda, M. Renan proteste aussitôt avec toute l’énergie dont il est capable contre certaines divulgations qui l’outragent, et voilà l’opinion appelée à se prononcer sur le degré d’admiration qu’il convient de répartir équitablement entre ces deux créanciers de la reconnaissance nationale.
Elle bafouillera, selon sa coutume, la Reine du monde, en s’abîmant de respect aux pieds des bonzes du succès que son impartiale échine réconciliera peut-être. Mais cela fait un drôle d’effet, n’est-ce pas ? de penser à tant de pauvres diables, sans littérature ni philosophie, qui se firent tuer simplement, dans leur propre peau, et dont les noms lamentables sont à peine connus de Dieu seul, — pour qu’un lointain jour,