Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et au déshonneur du spirituel génie des races occidentales.

Tels sont les titres des deux frères pour s’en aller au firmament analytique que la postérité sera tenue d’adorer, en admettant, toutefois, que cette ingrate ne se retourne pas vers les ténèbres de la superstitieuse synthèse latine et ne repousse pas à coups de bottes, dans un implacable oubli, toute cette école de damnés dont les œuvres auront pesé comme un cauchemar de servitude sur le sommeil de la pensée française, en cette seconde moitié du dix-neuvième siècle.

On a remarqué que tout écrivain a un mot, un certain mot dont il est le très-humble serviteur, qui s’impose à lui, à tout instant, et qui est comme une torche pour éclairer les cavernes de son génie.

M. de Goncourt qui n’a pas de génie, mais qui est plein de cavernes sonores et ténébreuses, est illuminé à nos yeux par le mot RIEN qui se rencontre sous sa plume, toutes les fois qu’il lui faut exprimer une nuance quelconque rebelle à son analyse : un rien de beauté, un rien de mise, un rien d’émotion, un rien de collaboration, (vieux farceur !) des riens délicieux, des riens spirituels, des riens pleins de grâce, etc., enfin, le rien du rien qui est son livre même et le tréfonds de son esprit.