urgent besoin. Je m’aperçus alors que cet humaniste hébraïsant n’était pas même capable de comprendre le latin rudimentaire de la Vulgate.
Néanmoins, je lui conférai, par voie de traduction, les textes requis, lorsque, feuilletant Isaïe et venant à tomber sur un verset où le nom assyrien de Merodack Baladan, roi de Babylone, est mentionné, mon auditeur s’aperçut soudain que le voile de son propre temple se déchirait. Il se vit clairement désigné dans le saint Livre sous ce nom de Baladan, dont le vocable Péladan n’est qu’une manifeste déviation occidentale, et voilà, si on tient à le savoir, toute l’origine chaldéenne de cet ignare farceur qui ne peut plus écrire trois lignes sans vous jeter au visage ses ancêtres d’Assur ou de Mésopotamie.
Aujourd’hui, la monomanie vient d’empirer et de monter jusqu’au paroxysme suraigu. Il tient toujours pour ses aïeux de Kaldée ; mais il a voulu leur donner à eux-mêmes une ascendance aussi divine que possible, et ce n’est rien moins que les anges, en commerce avec les filles des hommes, qui ont engendré sa famille.
Le but de sa vie, désormais, est fixé. Il cherchera partout ses consanguins dispersés sur la terre, frères ou sœurs naturellement sublimes, qui résument en eux toutes les grandeurs et toutes les magnificences ; et quand il aura groupé toute sa race, il bondira comme un tigre sur les sociétés simplement humaines, qui n’auront plus assez de cavernes et de souterrains pour