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transportables d’une divinité à l’autre, et qui n’ont d’autre vertu que de concourir au total obligatoire. La liste des Cent huit Noms encadrée comme à l’ordinaire dans un dialogue, entre Vajrapâṇi et Avalokita, est sans nul doute un chapitre isolé d’un de ces tantras de Târâ auxquels Sarvajñamitra fait allusion, où l’adoration de la déesse se mêlait à des pratiques magiques ou répugnantes[1].

L’Ekavimçatistoira est encore un fragment tantrique où les formules d’adoration se suivent à l’aventure sans que l’auteur ait pris même la peine de leur donner un cadre. La langue, la métrique et la raison sont violées avec un égale indifférence.

Mon travail eût été incomplet si je n’avait pas recherché les traces de Târâ dans les pays étrangers à l’Inde, où le buddhisme a trouvé une grande faveur. Dans la littérature chinoise, je puis signaler plusieurs passages relatifs à Târâ, et je tiens à remercier M. Specht de l’obligeance avec laquelle il m’a prêté son précieux concours en ce domaine.

Le Tripiṭaka chinois donne les titres des hymnes sanscrits que je publie ; le contenu que j’ai dû me contenter d’étudier sommairement semble répondre en partie seulement à mes textes.

Au Tibet, Târâ semble avoir été spécialement en honneur. Le buddhisme a eu pour propagateur dans cette région le roi Srong-Tsan-Gampo. Les deux reines ses épouses le secondèrent de leur zèle et restèrent si populaires que la légende en fit les Târâs tibétaines.

Au XVIe siècle encore, Târanâtha, l’historien du buddhisme indien, consacre une partie de son ouvrage à la biographie de saints personnages voués au culte de Târâ.

Ces biographies ne valent pas seulement par l’intérêt du conte.

  1. Les catalogues nous font connaître les titres de plusieurs ouvrages qui se rattachent au culte tantrique de Târâ sans spécifier le caractère brahmanique ou buddhique de la divinité : Târâpaddhati, 170 p., 800 vers ; Târâpûjanapaddhati, 120 p., 1200 vers ; Târârahasyavârttika, 250 p., 6000 vers ; Târâbhaktisudhârṇava ; Târânityârcanavidhi (avec les mille noms de la déesse). Ces textes citent d’autres ouvrages intéressant Târâ : Târâkâraṇiya, Târârṇara, Târopaniṣad. Voir : Paṇḍit Deviprasâda, Catalogue of the sansc. mss. existing in Oudh Province for thr year 1889, xv, 21, 22, 23, et India Office, Cat. of sansc mss., n° 2596 et 2603.