Page:Blondel de Néele - Œuvres, éd. Tarbé, 1862.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 17 —

CHANSON VIIIe.
Chanter m’estuet ; car joie ai recouvrée ,
Qui me soloit fuir et esloignier.
Ire et dolor ai maint jor comperée (1) :
Bien est mes lens que la doie laissier.
Car la belle que lonc tens ai amée,
Qui de s’amour me soloit défier,
Nouvelement s’est à moi accordée.
Or me voudra donner et otroier
Sa fine amour, que tant ai désirée,
Qui me fesoit jour penser, nuit veiller.

Hé ! Dex d’amours, comme as grant sei-
[gnorie (2),

Qui les amans puis occirre et sauver !
L’un dones mort, aus autres dones vie ;
L’un fes languir, l’autre rire et joer.
Tu m’as ocis ; or m’a rendu la vie.
Seur toute riens te doi je aorer :
Car de cele qui estoit m’anemie,
M’as fet ami, dont molt te doi amer.
Or chanterai de toi toute ma vie :
Si te voudrai servir et honorer.

Ah ! douce riens, en qui j’ai ma fiance,
Pour Dieu vous pri que ne m’entroubliez.
Puis qu’ensi est qu’Amours, par sa puissance,
Endeux nos cuers a ensemble liez,

2