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considérable située dans l’Océan à plusieurs jours de navigation de la Libye, mais il ne nomme point cette île, et l’on sait d’ailleurs que son ouvrage, qui n’est qu’une vaste compilation, ne mérite par lui-même aucune autorité. Quant à Pline le Naturaliste (H. N. VI, 31, 36), il parle aussi d’une île Atlantis située en face de l’Atlas, mais il décrit cette île comme existant encore de son temps : ce qui prouve qu’il n’est plus question ici du continent de Platon.

Voici, me semble-t-il, les seules conclusions que l’on puisse tirer de ce qui précède. C’est que tout ce que les anciens ont dit de l’Atlantide repose uniquement sur le récit de Platon, que ce récit, bien que prétendument appuyé sur l’autorité de Solon et des prêtres égyptiens, n’avait pas, dans l’esprit même de l’auteur, la moindre valeur historique. Pour moi, l’Atlantide doit être rangée au nombre des nombreuses contrées inventées par les anciens pour servir de cadre à l’exposition de leurs idées et de leurs théories. Si l’on croit à l’existence de l’Atlantide, il n’y a aucune raison pour ne pas admettre la réalité de la Terre des Méropes de Théopompe, de l’Île Fortunée, d’Iambule, de l’île de Panchaïe, dont Evhémère a donné une description très détaillée, et qui d’ailleurs a été souvent considérée aussi comme une île réellement existante.

Il serait donc à souhaiter que cette Atlantide si riche, gouvernée par les dieux et les déesses de la Grèce, et subitement disparue plusieurs milliers d’années avant qu’on en ait parlé à Solon, fût définitivement écartée de toute discussion sérieuse, et qu’elle ne pût, dans tous les cas, plus servir à prouver que les Égyptiens et les Grecs auraient connu et même colonisé l’Amérique.

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