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d’un prêtre égyptien, ce ne serait certainement pas suffisant pour qu’on admît l’existence d’une contrée aussi merveilleuse. Ajoutons d’ailleurs que la mode était alors d’attribuer à l’Égypte les récits de faits extraordinaires. Dans un discours de Platon intitulé Phèdre, ce personnage répond à Socrate qui vient de parler d’une conversation entre le dieu Teuth et le roi Thamis : « Ô Socrate, comme tu sais facilement imaginer des fables à la mode de l’Égypte et de tous les pays du monde. » D’ailleurs, les narrateurs eux-mêmes prétendent que l’Atlantide a disparu sous les flots depuis un grand nombre de siècles : elle ne saurait donc avoir rien de commun avec l’Amérique.

On trouve, il est vrai, quelques autres écrivains qui font également mention de l’Atlantide, mais ce qu’ils en disent est insignifiant, et l’on constate immédiatement que leurs rapports ne reposent que sur les dires de Platon.

Strabon le Géographe, par exemple, parle de cette fameuse contrée (liv. II, p. 402), mais il n’a pas l’air d’y ajouter la moindre foi. Après avoir rapporté que Posidonius (géographe du dernier siècle avant notre ère) avait cité la destruction de l’Atlantide comme exemple des envahissements de la mer, Strabon ajoute ironiquement : « Il vaut mieux croire tout cela que d’admettre que l’Atlantide fut anéantie par celui qui l’avait formée, comme autrefois la muraille des Achéens le fut par le poète. »

Marcellos, un écrivain grec du premier siècle avant notre ère, auteur d’un livre sur les Éthiopiens, s’est exprimé, d’après le scholiaste de Platon, de la manière suivante sur l’Atlantide. « Quelques écrivains ont rapporté qu’il a existé une île de cette nature. Ils disent que, même de leur temps, il restait encore dans cette direction sept îles consacrées à Perséphonè, d’autres à Pluton, à Ammon et à Poséidon. Les habitants de ces îles conservent encore des souvenirs de l’Atlantide rappelés par leurs ancêtres. »

Diodore de Sicile (Bibl. V, c. 19) cite également une île