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loi de 1833 parait commandé par les vrais principes. Le service de 1 instruction publique primaire, mis à la charge de la commune, et subventionné par le département et l’État, devrait d’ailleurs, pour conserver le caractère d’une institution nationale, être laïque comme l’État lui-même.

Quant au programme des matières de l’enseignement dans tes écoles primaires, plus

ou moins développé en raison du degré de culture intellectuelle de chaque peuple, il peut s’étendre jusqu’à des notions élémentaires d’histoire, de géographie, de science et d’art ou se restreindre à la lecture, à l’écriture et au calcul. Il comprend .presque partout l’instruction morale et religieuse. La Constitution du canton de Vaud porte que l’enseignement dans les écoles publiques sera conforme anx principes du christianisme et de la démocratie. Aux Etats-Unis où la vie religieuse est active, et les sectes nombreuses, tout enseignement dogmatique est exclu des écoles publiques. En Europe, au contraire, les lois, les traditions et les mœurs font une place an caiéchisme dans le programme officiel de l’enseignement mais aujourd’hui, en France, cette

place est trop grande relativement aux autres matières du programme.

Nous essayerons dans ce travail’, en nous plaçant surtout au point de vue des besoins de l’instruction primaire en France 10 d’établir que l’instruction doit être obligatoire pour devenir universelle ; 2° d’énumérer les autres moyens à l’aide desquels l’instruction primaire peut se répandre et prospérer.

Partisan du principe de l’obligation, nous pensons qu’on peut l’appliquer sérieusement, ne mt-ce que par des moyens indirects, de manière à concilier les droits de la famille et ceux de l’Etat, et qu’on peut arriver à ce but ëans mesures vexatoires, sans inquisition indiscrète, sans gendarmes ni cachots. Nous

croyons aussi que, pour tenir compte de toutes les dimcultés pratiques, notamment de l’état déplorable d’un grand nombre de maisons d’école, on pourrait, après avoir proclamé le principe. en suspendre l’application dans certaines localités.

Aous n’avons pas l’intention de nous livrer ici à une discussion approfondie du droit de la société en cette matière, et nous nous bornons à affirmer ce droit en nous référant aux raisons excellentes que chacun connaît. Mais pour prouver qu’il ne s’agit pas, comme on l’a tant lépété, d’une rêverie de théoriciens et d’utopistes, nous laisserons la paroles aux hommes pratiques, à quelques-uns des instituteurs primaires dont l’opinion sur cette grave question s est manifestée lors du concours ouvert entre eax en 1861. NODS répondrons ensuite à l’objection tirée contre l’instruction obligatoire d’une violation possible de la liberté de con«aence ; nous présenterons un rapide exposé

des législations étrangères, et nous dirons ennn quelques mots de l’accroissement de dépenses I.

que rendrait inévitabte l’adoption du principe de l’obligation.

. D’après les statistiques officielles le nombre des enfants tout à fait absents de l’école serait en France à peu prés d’un million. En Angleterre, ce chiffre est d’environ 900,000’. Nos statistiques affirment que 4,0 ! 6,923 enfants ont figuré sur les registres matricules, mais elles ne disent pas combien de temps Us sontrestés en classe. Or, sur 1, 116 mémoires d’instituteurs analysés par nous, 830, près des trois quarts, signalent avec amertume, avec un découragement profond, la fréquentation irrégulière des écoles, cette plaie de l’instruction primaire’, et 457, plus des deux cinquièmes, appellent l’instruction obligatoire par des voeux dont il serait d’autant plus injuste de suspecter le désintéressement qu’un grand nombre se prononcent en même temps pour la gratuité absolue. Voici quelques citations prises cà et là dans les 457 mémoires favorables à l’obligation H ne devrait pas être plus permis d’échapper t l’école qu’à la conscription..La sécurité de la patrtB réside autant dans la bonne éducation du peuple que dans la force armée. (Nord.) Nous ne demandons DM tes rigueurs de la Convention ; cependant, si ce que voulait le gouvernement de la Révolution eût été pratiqué, la France eût avancé de deux siècles en civilisation. ’~M.)– C’est une idée révolutionnaire dit-on, qu’importe, si elle est bonne. (.M.) -Pourquoi hésiter encore ? la nécessité conduira tôt on tard à l’enseignement obligatoire, et on aura laissé échapper l’occasion de soulever au bien-être et à l’ordre un peuple tout entier. (Pas-de-Calais.)–Nous qui sommes tous les jours aux prises avec les ditEcnItée que l’obligation détruirait, nous pouvons l’approuver en connaissance de cause. (Seine-et-Oise.) Voilà plus de dix ans que j’exerce ; chaque année a ajouté un degré de plus à ma conviction que j’ai combattue contre moi-même, tellement, dans le principe, cette mesure me paraissait impossible. Je suis persuadé aujourd’mi qu’elle ne rencontrerait pas de sérieuses difncultés. (~d.) Le villageois est bien souvent sourd aux conseils ; mais s’il est menacé d’une amende, son ami chéri, l’argent, est en jeu ; il devient bientôt souple, obéissant, zélé même. (Manche.) Je ne vois pas pourquoi sous le rapport de l’instruction, la France resterait en arrière des autres nations, alors que l’Empereur fait tous ses efforts pour la rendre plus prospère) et la conserver au premier rang. (Eure.)–C’est en tremblant qae j’aborde cette question si délicate. Dieu veuille que beaucoup d’autres aient émis une opinion semblable à la mienne.’ Qu’on ne vienne pas dire que l’obligation est nne utopie : la chose est parfaitement réalisable, et ce serait le plus grand service qu’on pût rendre à l’humanité. (Vienne.) Qui e’en plaindrait ? peut-être certains propriétaires qui ne sont pas contents de ce que tous les enfants pauvres vont à l’école parce qu’ils ne trouvent plus, disent-ils, de domestiques pour leurs fermes. (Maineet-Loire.) Nons sommes convaincu de la nécessité d’nne lui qui, pendant un laps de temps déterminé ; établirait sous une sanction pénale l’obligation de l’enseignement. Un quart de siècle sanirait peu à peu, par suite de la diffusion des lumières, cette loi tomberait en déenétttde. (Pny-~ie-Dome.) Qu’il soit seulement décrété que tout titoye.a qui ne saura ni lire ni écrire, ne sera pas électeur, et nos écoles se rempliront. Qu’on ne s’y trompe pas, le paysan tient beMconp à te< droite politiques, quoiqu’il n’en fas’t 1. Senior, .ReM ?M<M7H ! and ~<M~ of Report. (Depuis Senior la situation s’est améliorée. Voy. d’aillenrt l’article Grande-Bretagne, chap. Instruction. M. B. S. fcy. notre rapport sur l’instruction primaire, à la page 169 dn YI’ volume des Rapport. de. mem6)-M de Xa section /ra72~ctMC du jury international sur reMsemble < !< : i’ErpOttttMt M’)tt~)-tet !< de .MM et le. brochure précitée.