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lucre et par !e matérialisme pra~qnë. y a même des parties de notre Franë~-oùj autour d’une église vide et d’une école déserté, règne un état demi-sauvage, semblable n la’ barbarie et fait pour arrêter au départ ces missionnaires courageux qui s’en vont porter aux rives lointaines la lumière et la vérité. « Un Français qui ne serait jamais venu parmi nous, dit un maître d’école des Bouches-du-Rhône, chercherait ici sa belle France, la patrie de la civilisation et ne la trouverait pas. < Certains villages, dit un instituteur du Jura, semblent vraiment avoir été reculés d’un siècle dans la civilisation. »

Si la grande majorité des adultes sont dans un état d’ignorance absolument incurable, estil permis de fonder beaucoup d’espérances sur la nouvelle génération ? A cet égard, il faut éviter les illusions que peuvent faire naitre certains chiffres statistiques et regarder au fond des choses. U y a beaucoup d’écoles ouvertes, et beaucoup d’enfants inscrits aux registres matricules ; mais souvent délabrée, obscure, insalubre, trop étroite, dirigée peut-être par un instituteur besoigneux et incapable, l’école, qui à défaut de la famille indifférente devrait être un puissant moyen d’éducation, parvient à peine à donner à l’enfant, après une fréquentation irrégulière de trois à quatre mois pendant quelques hivers, des notions élémentaires que sa sortie à douze ans rend nécessairement insuffisantes et superflcielles. Arrivés à l’âge de vingt à vingt-cinq ans, les neuf dixièmes des enfants ont tout oublié, et, redevenus illettrés, ils se confondent pour le reste de leur vie dans la grande masse ignorante. L’éducation et l’instruction des Biles sont encore plus négligées que celles des garçons. Ajoutons que l’instruction primaire est assez souvent contrariée dans son développement normal par

diverses influences. Sans parler des embarras .qui peuvent naître du pouvoir ofNciel et du droit de direction donnés sur l’école publique, par l’article 44 de la loi du 15 mars 1850, à un clergé puissant, dont les préférences sont acquises à l’enseignement congréganiste, qui pourrait faire le dénombrement des obstacles que rencontrent l’instituteur et l’école ? Dans la haute sphère où se débattent publiquement les questions sociales, aucune voix ne s’élève contre l’école et tout le monde en célèbre à l’envi les bienfaits, mais an sein des campagnes il n’en est pas de même On a pu remarquer que dans les pays où la terre est divisée, où le paysan est maître du sol, l’instruction primaire est plus florissante que dans les pays de grande propriété où elle doit lutter trop souvent contre des influences hostiles qui ont leur source, soit dans de vieilles traditions féodales, soit dans de mesquines considérations d’intérêt et qui trouvent un point d’appui dans l’ignorance et la parcimonie des conseils municipaux. Constatée exceptionnellement par une récente enquête, dans cette Angleterre où l’aristocratie l_En 1873, après l’étabUBsement de la RépnbHane en Espagne, des mUUers de communes pr.Bt6.ent de tenr.antonomiepocr fermer les écoles. MB B. a appris à marcher elle-même à la tête des réformes et du progrès, l’imprudente résistance dont nous parlons ne pouvait manquer de se produire aussi en France. Mais hé)as, on la rencontre à tous les degrés de la hiérarchie sociale ! Tel paysan franc-comtois revètu de l’écharps municipale, parce que, privilégié entre ses concitoyens, il savait lire et écrire, cherche aujourd’hui encore à détourner leurs enfants de l’école pour représenter à lui seul, dans sa petite commune, l’aristocratie de l’intelligence 1 Au risque de le désespérer et, avec lui, tous ceux qui lui ressemblent, élargissons de plus en plus les cadres de cette noblesse populaire dout l’instituteur signera les parchemins sous forme de certificats d’MM~-Mc<i’OM F~tMoM-e ; n’oublions pas qu’il y a dans chaque tête de paysan un chemin vicinal à ouvrir aux idées vraies, aux notions utiles ! 1 faut, à quelque nuance d’opinion qu’on appartienne, savoir accepter les nécessités impérieuses du temps où l’on vit, supporter avec résignation ce que d’autres saluent avec enthousiasme et surtout avoir foi dans le triomphe définitif de la vérité et du bon sens «Éclairez les hommes à tout prix, disait avec raison Tocqueville, car je vois approcher le temps où la liberté, la paix publique et l’ordre social lui-même ne pourront se passer de lumière. L’instruction populaire seule peut augmenter le nombre des citoyens capables de gérer eux-mêmes les affaires locales ; elle seule rendra possible cette décentralisation appelée par tant de vœux ! Serait-il bien fondé à protester aujourd’hui contre les entraves de la tutelle administrative, ce conseil municipal d’une commune voisine de Paris où neuf membres sur dix ne savent pas lire ?

S’il est vrai qu’en qualité d’homme, de chrétien, de citoyen, ou de producteur à un titre quelconque, aucun Français ne devrait rester privé d’instruction, il n’importe pas moins à la France de prendre à cet égard parmi les peuples du monde, la seule place qui convienne à son génie. Justement fière de celleque luiassignent sa grandeur morale, les idées fécondes dont elle a le dépôt sacré, sa prépondérance politique, sa prospérité matérielle et toutes les gloires dont resplendit sa couronne, elle cesse d’avoir droit au premier rang, dès qu’il s’agit d’instruction et d’éducation populaires. Il lui faut alors laisser passer devant elle, pour s’aller mettre bien loin derrière eux, Prussiens, Badois, Suisses, Wurtembergeois, Saxons, Bavarois, Allemands de tous les Etats germaniques, Américains, Danois, Suédois et Norvégiens ! 1 Comparés à ces peuples, nous sommes dans un état d’infériorité anorma), humiliant, incontestable, et qu’il faut avouer hautement, dut-on blesser l’amourpropre national dans ce qu’il a de plus sensible, et faire crier le malade en sondant la plaie. Pour que notre pays, trop enclin à se flatter 1. ~oy. notre brochure intitulée De :nc~ <M popM~o~MM ouvridru et r~rotea de la .Ffaï :< ~~e~ toute* qui tendent a la perpétuer. EeMefg-Eri ~nt< fournis en 1861 par les Instituteurs publics. (186 barbler à Montbéliard et Meyrae~ à ParL~