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ses cachots ont péri de désespoir, de misère, ou des suites de la torture. Ce qui est certain, c’est que la longue domination de ces tribunaux occultes entraîna pour l’Espagne des pertes matérielles considérables, et que leurs connscations, dont une part au moins revenait aux dominicains, ont contribué à accroître la quantité déjà trop grande des biens de mainmorte. Mais ce tort matériel est peu de chose à côté du tort moral causé à l’Espagne par l’inquisition. Tandis qu’elle tuait toute activité d’esprit, toute liberté de la pensée, elle dégradait les caractères par l’influence de la peur, le plus vil sentiment que puisse éprouver )’âme humaine. Ses espions, ses familiers étaient partout et se recrutaient dans toutes les classes, transformant en institution sociale l’espionnage le plus éhonté ; plus d’un fier Castillan, pour échapper au danger, s’est avilli en se résignant à ce rûie honteux, et l’inquisition a été ainsi une des causes les plus actives de la triste et lorgne décadence de l’Espagne depuis PhiIip, :J It. ET. COQUEREL.

COMPAREZ les mots à la fin de l’article ËgUse cathoUqne.

INSCRIPTION MARITIME. roy. Marine. INSTITUTIONS DE CRÉDIT. loy. Crédit (Institutions de).

INSTITUTIONS POLITIQUES. Ce n’est ni par le nom, ni par l’origine, ni par la forme extérieure du pouvoir que se distinguent le plus essentiellementles gouvernements. Ils peuvent porter des noms différents, procéder des sources les plus opposées, revêtir les formes les plus multiples et se ressembler encore. Ce qui détermine leur vraie nature, c’est la place qu’ils font à la loi, aux garanties d’équité et de liberté qui protégent la vie et les intérêts des citoyens. Tont est là. Royautés ou républiques, dictatures ou consulats, régimes d’unité centralisatrice ou organisations fédéralistes, qu’importe, si, en déunitive, le résultat est le même dans la pratique. Ce n’est là qu’une forme qui varie selon les circonstances et selon le pays. la question principale, c’est la prédominance organisée du droit sur les volontés mobiles et arbitraires du pouvoir. Au fond, il serait facile de dire que tous les systèmes politiques peuvent se ramener à deux types primordiaux et essentiels le gouvernement absolu et le gouvernement constitutionnel ou représentatif.

Quelle est la différence radicale et profonde entre les deux systèmes ? Il n’y en a point d’autre que celle-ci : c’est que dans le premier, dans le gouvernement absolu, l’omnipotence souveraine est sans frein et sans limites. Les attributions législatives se confondent le plus souvent avec la puissance exécutive. Le pouvoir politique se mêle à l’administration de la justice. La même autorité fixe les ressources publiques et en dispose. Les citoyens n’ont ni garanties, ni droit de contrôle, ni libertés assurées. il n’y a rien de plus qu’une réglementation destinée à coordonner les mouvements du mécanisme de l’État. Dans le gouvernement constitutionnel ou vraiment représentatif, an contraire, l’essence est la limitation et la division des pouvoirs dans l’intérêt de la liberté de tous. La politique et la justice restent dans une mutuelle indépendance. C’est le pouvoir qui exécute la loi, mais c’est le pays régulièrement représenté qui la fait ; c’est le gouvernement qui dirige l’emploi des ressources publiques, mais ce sont les assemblées qui fixent ces ressources, qui votent l’impôt, qui ont le droit d’accorder ou de refuser les subsides. Par son principe même, ce régime n’est. que la participation organisée du pays à ses propres affaires. Ce n’est plus une réglementation plus ou moins bien entendue qui assure une équité plus ou moins précaire, pl~s ou moins mobile ; c’est dans la loi, s’élevant au-dessus de tous également, que les citoyens trouvent la garantie de leurs libertés, la sauvegarde de leurs droits et de leurs intérêts. En un mot, dans le système absolu, il n’y a qu’une volonté à laquelle tout se subordonne dans les institutions représentatives, ce sont des volontés qui se limitent, des actions indépendantes qui se combinent, des droits qui s’équilibrent dans une liberté réglée. Le système représentatif ou constitutionnel, le système des garanties, en d’autres termes, est évidemment l’idéal politique où tendent les peuples. Depuis un siècle, depuis cinquante ans surtout, il a fait d’immenses progrès, d’immenses conquêtes. Il y a un siècle, il n’y avait que l’Angleterre qui eût des institutions libres fondées sur un système de garanties ; aujourd’hui, l’Europe presque tout entière marche d’un pas plus ou moins résolu, plus ou moins incertain, vers la réalisation de ce régime. En vingt ans, l’Italie, la Prusse et l’Autriche ellemême sont entrées dans cette voie. Ce n’est point cependant que lesinstitntions libres soient une invention toute moderne. Évidemment, la liberté n’a point attendu notre siècle pour faire sentir ses bienfaits aux hommes, et pour passionner leurs âmes. L’histoire des institutions humaines n’est, à vrai dire, que l’histoire des générations successives travaillant à conquérir une organisation mieux combinée, mieux appropriée à leurs besoins et à leurs aspirations, plus conforme à la justice. La vérité, la justice, le droit ont aussi de vieux titres à faire valoir, dit M. Guizot dans son Histoire des ortgines du gouvernement représentatif. Prenez l’un après l’autre tous les besoins moraux, tous les intérêts légitimes de notre société ; dressez-en le catalogue et parcourez ensuite notre histoire vous les trouverez constamment réclamés et défendus. Toutes les époques vous apporteront d’innombrables preuves des combats livrés, des victoires remportées, des concessions obtenues dans cette cause sainte. il n’est pas une vérité, pas un droit qui n’ait à puiser dans toutes les périodes de l’histoire des monuments qui le consacrent, des faits qui parlent en sa faveur. »

Par ses origines, par toutes les luttes soutenues de siècle en siècle pour arriver à une ex-