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Siège. Enfin, le pape déclara que tous ceux qui n’avaient pas craint de proposer, d’approuver, de sanctionner ces décrets, de même que leurs auteurs, fauteurs, conseillers, adhérents et exécuteurs, avaient encouru l’excommunication majeure.

Nous nous arrêtons ici. Ce que Pie IX a fait dans le Piémont, il l’a fait ailleurs, en Espagne, en Amérique ; partout il casse et annule les lois qui sont contraires au droit divin de l’Église’. S-il est infaillible, il faut dire que les lois sont radicalement nulles. Et parmi ces lois se trouvent même celles qui établissent le mariage civil, mariage que le pape flétrit de concubinage. Si les lois sont nulles dès qu’elles ïiplent ce que le pape appelle le droit divin de 1EgNse, que devient l’autorité du législateur, que devient la souveraineté civile ? Y a t-il un Etat possible, lorsque les lois qu’il porte sont cassées, annulées, ou comme dit encore Pie IX, abrogées par le pape, parlant et agissant comme organe de Dieu ? Et si le respect des lois se perd, que devient la société qui n’a d’autre base que la légalité ? Le respect des lois se perd nécessairement partout où règne l’ultramontanisme. On lit dans le concordat espagnol L’enseignement, dans les universités, collèges, écoles publiques on privées, de quelque classe que ce soit, sera entièrement conforme à la doctrine de la religion catholique, e On sait ce que cela veut diredansla bouche de Pie IX. Supposez que la doctrine ultramontaine soit enseignée dans toutes les écoles, pendant plusieurs générations que restera-t-il de la souveraineté civile ? L’idée même d un droit de l’Etat disparaitra. Que ceux qui eii doutent voient ce qui se passe en Belgique les évêques et les journaux qui représentent le parti ultramontain foulent aux pieds tout respect de la loi, du moment que la loi est en opposition avec les prétentions de l’Eglise. Que ce régime dure pendant un siècle et l’Europe catholique sera de fait une théocratie.

INFANTS. Titre que portent en Espagne tous les princes du sang des rois régnants, excepté ialué, qui est prince des Asturies. Les enfants des nobles espagnols s’appelaient autrefois infants ; vers le douzième siècle, on réserva ce nom à ceux du roi, et ceux des nobles ne furent plus qn t~/aHMKM. Le titre d’infant est aussi usité en PortugaL On a dit de même en France, sous Charlemagne les <-M/a~, pour dire les Bis et Sues de l’empereur ; et on disait sons les Bourbons les e~/a~ de France. Sous le second Empire ce titre avait été rétabli. L’infantado était l’apanage des infants. Ce nom fut aûecté par suite à beaucoup de !erres qui avaient fait partie des dotations.Aujourd’hui il signifie seulement les anciens domaines des ducs de l’M~~o ; ce sont cinq villes de 1 Alcana, dans la Castille. J. DE B. ~i’J’ des conflits entre Pie IX et les divers r~°~ trouvent dans mon étude sur

p’ ?- la Révolution. (BrnxeUes et r*rM,chet Lacroix et C", 1862.) < M F. LAI~ENT.

INFLUENCE. C’est, en politique, le premier des moyens de parvenir ; c’est le grand art de la diplomatie. C’est l’action qu’un citoyen on une classe de citoyens, qu’un fonctionnaire plus ou moins subalterne ou que le gouvernement lui-même peuvent exercer sur d’antres citoyens, sur le chef de l’État ou sur les administrés. C’est aussi l’action qu’un gouvernement peut s’attribuer sur un gouvernement étranger. Cette action, qui ne saurait être supprimée, a toujours besoin d’être contenue. Entre l’usage licite et l’abus, quelle sera la ligne de démarcation

? L’intérêt et la passion se refusent trop 

souvent à la voir là où la montrent le bon sens et la bonne foi.

On a dit que, de tous les hommes qui ont écrit, Voltaire et Rousseau sont ceux qui ont eu sur leurs contemporains l’M~MCHce ~oHM~f la plus marquée. Cette influence a été éminemment sociale et révolutionnaire.

L’t’K/~MeKce individuelle d’un simple citoyen ou l’tH/~MCMce collective d’une classe de citoyens sur les masses se manifeste surtout aux époques de troubles civils ou de dangers publics. On a vu, pour ne parler que des temps modernes, ce que peuvent la sagesse et la modération d’un Washington, l’habileté et l’éloquence d’un Mirabeau, la persévérance d’un Cobden, la verve poétique d’un Lamartine, pour la fondation d’une grande répuNique. pour la direction d’nne grande révolution, pour l’obtention d’une grande réforme, pour l’apaisement momentané d’une grande effervescence populaire. Si /o !’<ë ~trMMt ~<’m < :<HMj)M :M’e. On a vu malheureusement aussi, dans des jours néfastes, ce que peuvent les tribuns, les dictateurs, les sectes, les coteries et les clubs.

La magistrature, le clergé, la presse, ne se sont pas toujours bornés à user de l’autorité de l’exemple et des armes de la persuasion ; ils se sont parfois laissés aller à compromettre leur crédit, et ont uni par tourner contre eux les esprits qu’ils avaient pour mission d’éclairer et de diriger dans les voies de l’intérêt général. Les familiers, les maîtresses des princes ont souvent exercé sur leur esprit un funeste empire. Aussi a-t-on loué le régent de n’avcii jamais laissé ni à ses complaisants, ni à ses favorites, aucune influence dans les grandes affaires.

C’est principalement dans les comices, dans les crises électorales, et lorsqu’il s’agit de voter sur le choix de ses mandataires, que le peuple court risque d’être t~Ke~ce, soit par 4 des individus isolés, soit par des groupes d’individus, soit enfin par les dépositaires des pouvoirs publics. L’intervention de ces derniers semble-t-elle aussi logique que celle des premiers ? Toujours est-il qu’elle est érigée en doctrine et considérée par aucuns comme un contre-poids nécessaire dans la grande machine du suffrage universel. Il importe ici de dire avec le poète Est mo~ M ! rebus ; il est plus difficile d’ajouter avec lui Sunt cerli denique fines. Montesquieu nous explique