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traire, s) .igée qu’elle soit, si restreinte qu’on l’imagine, que misère et déception ; que le règlement ie plus suret le plus avantageux dn travail, la garantie de sa durée, l’accroissement des profits pour tous ceux qui l’exercent est dans le consentement des parties que tout ce qui pèse sur ce consentement ne peut que nuire et ne saurait jamais profiter ; quêta contrainte retombe toujours sur ceux qui en usent, soit pour eux-mêmes, soit pour autrui ; qu’il n’existe enfin dans l’industrie comme ailleurs, de bénéfices réels, stables, susceptibles de grandir que ceux qui proviennent de l’exercice de ia liberté, qu’elle est le ressort et le fondement de l’activité humaine, et que seule elie concilie le bien-être avec la dignité, la défense de l’intérêt légitime avec le respect du droit ? Toutes ces vérités contentent la raison plus qu’elles ne flattent l’imagination elles ne valent pas, aux yeux de la masse des ouvriers, les illusions dont on les berce. Et pourtant il ne faut pas se lasser de répéter ces vérités, si méconnues qu’elles soient ; l’avenir de l’industrie, le repos des sociétés en dépendent. Tôt on tard et à l’épreuve des faits, deux principes prévaudront dans cet ordre de rapports pour l’ouvrier, ne compter que sur Jui-même en ce qui le fouche pour l’Etat, se désister de tout ce qu’on peut faire sans lui.

C’est d’ailleurs ie moment de bien savoir ce qu’on veut faire au sujet de l’industrie elle a rompu ses anciennes digues ; le flot monte, vainement essayerait-on de lui opposer de nouveaux moyens de défense mieux vaut qu’elle s’épanche par des canaux librement ouverts. Tant qu’elle avait le toit de la famille pour abri, l’Etat trouvait dans sa dispersion un moyen pour la comprimer on la soumettre. Elle n’était qu’une puissance secondaire ; aujourd’hui aux yeux de tous elle prend le premier rang ; on ne peut plus ni l’oublier ni la froisser. EUe a quitté les campagnes, où elle se distribuait à l’aventure et inégalement, pour venir dans les grandes villes où elle se concentre avec nne vigueur qui ne se ralentit pas. A l’aspect i Ce cette révolution, accomplie sous l’influence des agents mécaniques, on s’est demandé si ce déplacement de forces était un bien ou un mal, et s’ii fallait y aider ou le combattre. Ces discussions appartiennent désonnais à l’histoire les faits ont marché si vite et parlent d’une façon si concluante qu’il n’y a pas lieu de s’y appesantir. Que le nouveau régime de l’industrie ait été accepté ou qu’il se soit imposé, il m’en domine pas moins dans le monde civilisé. Aucune puissance humaine ne ie déiogprait des positions qu’il a prises. Ajoutons qu’il s’est créé des titres à l’appui de ses conquêtes. Depuis que ce régime prévaut, la richesse générale s’est élevée, dans les grands États de l’Europe, à dix, vingt et trente fois plus qu’elle D était auparavant. Je ne citerai pas de chiffres Ns me conduiraient trop loin, tant ils abondent. C’est là d’ailleurs une démonstration claire jusqu’à l’évidence, même pour les yeux les plus inattentifs. L’aisance augmente, la vie moyenne e’accrolt, les grandes et hideuses misères se, retirent devant des ressources plus abondantes et un travail moins précaire, et ce qui est plus heureux encore, ce bien-être a en pour accompagnement le soulagement des bras de

l’homme. Ceux qu’emploie aujourd’hui l’industrie, dans ses conditions régulières, sont moins chargés et mieux rétribués. Voilà des faits indéniables que des crises temporaires peuvent affecter sans en changer la nature ni en empêcher le retour. H constituent ce qu’on peut appeler les titres matériels du nouveau régime. Quant à son action morale, elle est plus contestée, et ici c’est à l’avenir qu’appartient la réponse. On a dit que l’industrie en commun brisait la vie de famille, enlevait l’ouvrier aux campagnes pour le jeter dans les villes où il se déprave ; que l’instrument mécanique, ensonlageant les bras, avait pour effet d’abrutir l’intelligence et que Ihomme n’était plus qu’un

rouage au milieu de tous ces appareils plus puissants que lui. Il y a dans ces accusations du faux et du vrai, comme dans tout ce qui se prend d’un point de vue exclusif. Cet état de l’industrie est nouveau ; ni les mœurs, ni les habitudes n’ont encore pu s’y adapter. Les époques de transition sont toujours rudes, et nous assistons depuis un demi-siècle à ce pénible travail. Cependant pour pen qu’on ait suivi les modifications survenues dans les divers corps d’états, on ne saurait admettre que, même moralement, leur condition ait empiré. Que ce soit le fait de l’industrie elle-même ou d’une instruction plus largement répandne, ces classes ne valent pas moins aujourd’hui qu’elles ne valaient autrefois. La machine ne sembie pas plus les avoir abruties que le travail en commun ne les a perverties. Il n’est pas besoin, pour s’en assurer, d’autre enquête que celte que chacun peut faire dans le champ d’observation qui est à sa portée. De tristes exceptions existent, il est vrai, mais dans la masse il y a évidemment plus de tenue, plus de respect de soi, plus de dignité personneife. Sur ce dernier point il ya plutôt excès, et l’un des travers de l’ouvrier est désonnais de s’exagérer son importance. On s’y est exposé, et c’était à prévoir, le jour où on lui a donné des droits politiques auxquels jusqu’à ces derniers temps il était étranger et à peu près indifférent. Par ce côté encore l’industrie se rattache à la politique. Dans sa marche ascendante elle tend à créer et à dévefopper dans les villes une puissance d’opinion qui N’y a point de contre-poids. Que sont les hautes classes et même le classes moyennes auprès de ces flots d’hommes qui vivent d’nn travail manuel et qui chaque jour apportent un contingent nouveau aux populations urbaines ? Là où toutes les unités se valent, la balance penche forcément du côté du nombre. Rien de plus salutaire quand les n’"sses sont bien inspirées ; c’est une épreuve et quelquefois une surprise pour les opinions de convention et les abus qui sommeillent. Mais qui peut garantir que l’inspiration sera toujours heureuse et qu’à des protestations sensées ne succéderont pas un