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La société ne doit agir que par des forces morales l’opinion publique et le respect humain constituent d’ailleurs des puissances de premier ordre..

L’État a pour mission de veiller aux mtérêts généraux du peuple du ressort de la politique, du droit, de la morale ; et quant au domaine économique, il ne doit guère s’occuper que des choses qui sont hors de la portée de l’individu, ou que les individus ne sauraient réaliser sans son concours, ce qui n’exclut pas son devoir de maintenir l’ordre, le respect des mœurs, la protection du faible (~oy. Etat et Gouvernement). MAUMCE BLOcu

COMPAREZ : LibéraHsme, Selfgovernment, Sociatimie, Suffrage universel.

INDUSTRIE. Ce mot peut, dans son acception générale, s’appliquer à tout ce qui prend, sons la main de l’homme, une valeur et des formes qui en modifient l’état. L’arc du sauvage, le premier silex qui servit d’instrument trancha)) sont des objets d’industrie, comme les machines dont nous tirons le plus de services. Quand l’homme, en vue de se garantir des rigueurs du climat, imagina de convertir en vêtements la dépouille des troupeaux, il créa une grande industrie. Quand, pour abriter sa tête, il pétrit la chaux et l’argile, lia la pierre, équarrit le bois, ce fut encore une grande industrie qu’il créa. Successivement, il en trouva d’autres, soit qu’il distinguât, parmi les graminées, celles qui devaient porter des épis nourriciers, greffât les arbustes et taillât la vigne, soit qu’il façonnât les métaux, assouplit le cuir, empruntât aux minéraux et aux plantes le secret de leurs couleurs, asservit et adaptât au soulagement des bras les forces impulsives des éléments, dégageât la lumière et la chaleur des corps qui la contiennent, remontât enfin jusqu’à la pensée pour la saisir et la fixer dans des types qui la multiplient à l’infini. Tous ces travaux, tous ces actes, dont j’abrége le détail, et qu’on peut rappeler avec fierté, sont de l’industrie ; ce sont les titres de l’activité de l’homme aux prises avec la matière, la suite de ses efforts pour embellir son domaine et rendre moins ingrat le séjour qu’il y fait. A l’origine, la nécessité a été le seul ressort de cette activité plus tard est venu le rafEnement ; aux besoins les plus stricts ont succédé des besoins mêlés de plus on moins de luxe, suivant le degré des civilisations. Eu somme, ce mouvement de l’industrie a été croissant, malgré quelques interruptions. Chaque génération a transmis à celle qui lui a succédé plus d’aisance et plus de jouissances, et ce qui a pu s’en perdre dans le cours des temps n’est pas comparable à ce qui y a été ajouté. Des destructions mêmes, qui ont dans l’histoire des dates sinistres, est toujours issu un ordre nouveau qui a ouvert au travail 1. Ce qui autorise le gouvernement à faire des lois Sur le travail des enfants dans les manufactures, mais non (comme on )’a prétendu) à donner des capitaux à ceux qui n’en ont pas. Comme le gouvernement n’a rien par lui-même, pour donner anx uns, il faut tut) prenne aux autres.

des voies plus fécondes, donné à l’homme un goùt plus vif pour les commodités de la vie et des procédés plus sûrs pour les acquérir. Il n’y a pas lieu de s’étendre ici sur l’histoire même de l’industrie et sur la marche de ses perfectionnements cette étude serait hors de son cadre. Le sujet est nettement indiqué c’est la part d’influence de l’industrie sur les destinées de l’État et réciproquement ; puis, ce qu’a été cette influence suivant les lieux et les temps. Dans l’antiquité, la condition purement domestique de l’industrie la maintient dans une sorte d’effacement ; elle se confond avec les autres travaux de la famille, s’exerce en partie pour son usage et dans l’intérieur des gynécées. Les femmes filent lalaine,l’ourdissent et l’apprêtent. Toute tâche pénible retombe sur les esclaves, le commerce est livré aux affranchis. ![ n’y a d’exception que pour l’agriculture, qui est presque un titre d’honneur, sans être pour cela plus florissante. Les citoyens libres préfèrent aux durs travaux les agitations de la place publique ; les mieux doués se tournent vers les arts, la jurisprudence, la religion ; les plus résolus prennent la carrière des armes, et dévastent le monde au proût et au nom de la communauté, qu’ils enrichissent, ornent et nourrissent des dépouilles des peuples vaincus. Sous un tel régime, le travail des mains n’a de commun avec l’Etat que le tribut auquel il ne pent se soustraire. L’exaction n’a point encore les formes savantes que plus tard elle revêtira ; elle ne saisit et ne grève que les modes les plus apparents d’activité. Avec le christianisme, les liens de l’antiquité païenne se détendent l’esclavage cesse : l’homme s’appartient, même quand la fonction reste asservie. Bien des siècles s’écouleront encore avant que la fonction soit complétement libre le privitége ne cédera du terrain que pour se reconstituer autrement, et avant de se rendre, disputera toutes tes positions où il pourra se retrancher. Dans tes campagnes il se défendra par la mainmorte et les droits dn sang ; dans les villes, il s’armera de la tyrannie des règlements et des corporations. Dans toutes ces combinaisons, une pensée sera toujours présente, c’est d’assurer au petit nombre une existence plus commode, une fortune plus stable, des moyens d’acquérir plus faciles qu’au reste de la communauté. De quelque prétexte qu’on les colore, en cherchant bien, on trouvera que ces combinaisons se résument toutes en une situation abusive. Un individu, une classe, un corps en profite ; la masse de la population en éprouve du dommage. Même aujourd’hui que les grands privilèges ont été emportés par le mouvement de l’opinion, aucun des petits privilèges qui se sont recomposés à bas bruit, sous des motifs plus ou moins spécieux, ne résisterait à cette manière de les envisager. On verrait qu’à peu d’exceptions près, ils ne sont que des déguisements de l’intérêt privé, sous le masque de l’utilité publique. C’est de l’État que l’industrie tire cette force d’emprunt ; seul, il peut donner à une faveur le caractère d’un droit. Si la politique était au-