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Ce fut aussi grâce à lord Bentinck et à la persistance de ses efforts que l’Angleterre dut l’établissement d’une ligne directe et régulière de communication entre l’Europe et l’Inde par la mer Rouge et J’isthme de Suez. Ce progrès mit l’Angleterre à même de suivre avec plus de soin le développement de sa brillante conquête, et c’est de cette époque que date réellement l’occupation complète et sérieuse de l’Inde par ses propriétaires. Le grand éloignement, et la traversée indispensable jusqu’à ce jour du cap de Bonne-Espérance, empêchaient souvent les Anglais de se rendre dans l’Inde pour veiller eux-mêmes aux affaires les plus graves ; depuis que lord Bentinck eut en quelque sorte rapproché l’Inde de l’Angleterre, et qu’il eut mis cette contrée à la portée de ses compatriotes, les relations se multiptiérert et les liens qui unissaient les deux pays se trouvèrent considérablement resserrés.

En 1833, la Compagnie voyait son privilège expirer, aussi dés t830 lord Ellenborough avaitil proposé la formation d’un comité chargé d’examiner les affaires de l’Inde. H avait fait, en outre, une motion tendant à décider si l’tnde devait être gouvernée avec ou sans 1 assistance de la Compagnie ; s’il était à propos que cette assistance s’exerçât sous la forme précédemment adoptée ou sous une forme nouvelle. On voit que la Compagnie des Indes était déjà bien loin de satisfaire tout le monde, et que des esprits éclairés, prévoyant les malheurs dont elle allait devenir la cause, demandaient sa suppression. Malheureusement ils ne furent pas écoutés et J’AngIsterre commit la faiblesse de laisser subsister un gouvernement spécial, n’ayant pour but que d’enrichir ses actionnaires et, par conséquent, disposé à tout se permettre pour remplir le but unique dans lequel il avait été créé.

Yoici quelle était à cette époque (t833) la constitution poJitico-industrieJJe de cette fameuse Compagnie des Indes qui disposait du sort de plus de cent miJJions d’hommes. Le Capital social était de 6 millions sterling ou environ 150mil)ons de francs, dont l’intérêt était fixé à 12’~ p. t00.

Les affaires générales de la Compagnie étaient réglées par la cour des propriétaires. Ceux des propriétaires qui possédaient pour 500 livres d’actions, au moins depuis un an, avaient le droit de siéger ; mais pour avoir une voix il fallait avoir un capital de 1,000 Jiv. st. engagé dans J’opération. 1,000 livres donnaient droit à une voix, 3,000 à deux, 6,000 à trois, et enfin 10,000 et plus à quatre. C’était le nombre de voix le plus élevé auquel on pût arriver. Les femmes et les étrangers avaient le droit non seulement de posséder des actions de la Compagnie, mais encore de prendre part aux délibérations et de voter. Le nombre de votants était de 2,000 environ.

La cour des propriétaires s’assemblait régulièrement tons les trois mois, elle nommait des directeurs tirés de son sein pour administrer les affaires politiques et financières de la Compagnie. n.

La cour des directeurs, nommée par la cour des propriétaires, se composait de trente membres qui devaient être Anglais ou avoir été naturalisés, posséder au mains pour 2,000 liv. st. d’actions de la Compagnie, n’être ni directeur de la banque d’Angleterre, ni directeur de la. Compagnie de la mer du Sud.

De ces trente membres, vingt-quatre seulement siégaient à la direction, et six sortaient à tour de rôle du service actif et n’étaient rééligibles qu’à l’expiration de l’année. La cour des directeurs nommait chaque année son président et son vice-président. Elle s’assemblait une fois par semaine et il fallait la présence d’au moins treize des membres pour valider les délibérations. Toutes les questions étaient décidées au scrutin secret.

La cour des directeurs se partageait en trois comités 1° intérieur et comptabilité, 8 membres 2° affaires politiques et militaires, 7 membres 3° législation, justice, finances, 7 membres.

Les affaires secrètes étaient conBéesâ à un comité composé du président, du vice-président, et du plus ancien directeur. Les membres de ce comité étaient astreints, au moment de leur entrée en fonctions, à la formalité de la prestation d’un serment dont voici la teneur « Je jure d’exécuter fidèlement le mandat qui m’est confié comme membre du comité secret, nommé par la cour des directeurs de la Compagnie des Indes, et de me servir des pouvoirs qui me sont attribués en cette qualité avec toute l’habileté et tout le jugement dont je suis capable. Je ne confierai ou ne ferai connaître à qui que ce soit les ordres secrets, instructions, dépêches, lettres ofncieHes ou communications qui pourront m’être donnés ou

envoyés par les commissaires pour les affaires des Indes, si ce n’est aux autres membres dudit comité secret, ou aux personnes nommées et désignées pour transcrire ou préparer ces documents, à moins que je n’y sois autorisé par lesdits commissaires. Qu’ainsi Dieu me soit en aide. D

Le gouvernement des Indes recevait directement ses instructions de la cour des directeurs, qui jouissait des prérogatives les plus étendues, et entre autres de celle de nommer à tous les emplois, à l’exclusion des juges, des évêques et des officiers de l’armée de la reine, appelés à servir dans les Indes. La couronne s’était aussi réservé le droit d’accorder ou de refuser sa sanction à la nomination du gouverneur généra), et à celle des généraux commandant en chef les armées de l’Inde. La mort du roi George IV, en entraînant la dissolution du parlement, interrompit les travaux commencés en vertu de la motion de lord EUenborough, et la succession des réformes à accomplir échut à lord Wellington, qui devint chef du cabinet. C’est en partie à cette circonstance qu’il faut attribuer le peu de modineations que subit la Compagnie. Lord Wellington, qui avait fait ses premières armes dans l’Inde, avait eu des relations trop intimes avec la cour des directeurs pour abolir radicalement une 5