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dia pour son compte trois Bavires a Madagascar mais il ne fut pas donné suite a sa tentative, car il mourut peu de temps après. Colbert voyant l’insuccès de toutes ces expéditions et comprenant que la France ne pouvait sans danger se laisser ainsi devancer par les autres puissances, créa u~e Compagnie française des Indes orientales, sur le modèle de éclles de la Hollande et de l’Angleterre. Cette compagnie fut même p)ds favorisée que ses rivales. Colbert, tout entier à sa doctrine économique, protégeait bien quand U Toniait s’en donner la peine, et la nouvelle compagnie s’éleva à la faveur de la pratique p’-otcctionistc la plus énergique.

? Entre autres avantages, le gouvernement 

s’engageait, vis-à-vis de la Compagnie, à soutenir par les armes ses établissements et à faire escorter les convois par des escadres de navires -ct(, guerre, lorsque le besoin s’en ferait sentir. Madagascar fut encore choisi cette fois com’me point central des établissements français dans i’inde. Ce choix malheureux entrava ies ’premiers pas de la Compagnie. On se demanderait avec étonnement quellespurent être les considérations qui firent choisir ce point, tandis qu’il y avait tant d’autres endroits plus propices et mieux appropriés au but que l’on poursuivait, si l’on ne comprenait que les intéres,sès des premiers établissements de Madagascar ~durent faire tous leurs efforts pour attirer de icc côté les expéditions de la Compagnie. Cependant, petit à petit, la Compagnie finit par ~’établir, et, en 1744, sa puissance était consiPdérabie. Aussi, la guerre ayant éclaté à cette époque entre la France et l’Angleterre, les deux com--pagnies se firent une guerre acharnée.

Le traité d’Aix-la-Chapelle y mit un terme, sia France rendit Madras à l’Angleterre, et les hostilités directes cessèrent entre les deux ~compagnies. Mais chacune d’elles possédait des j.~torps d’armée plus considérables qu’il ne lui jetait nécessaire en temps de paix, et pour les utiliser, elles les mirent au service des princes ~indigènes. Cette politique habile leur assurait n peu de temps une grande influence dans ~nde, et mème leur permettait d’espérer la possession complète du pays, soit directement, ~oit par l’intermédiaire de princes indigènes, eurs créatures.

Les Anglais firent une expédition dans le royaume de Tanjore pour replacer sur le trône Stm roi de ce pays qui avait été chassé par ses ~sujets cette expédition réussit comp)étement ~pour les Anglais, qui, s’apercevant que leur ~prétendant ne jouissait d’aucune popuiarité dans Je pays, continuèrent la guerre pour leur propre compte, et s’emparèrent du fort de DeviCotah. Le gouverneur français, Dupleix, paya aux Mahrattes la rançon du prince Chnnda-Sabeb qui était leur prisonnier depuis i74i, et résolut de se servir de ce prince pour jouer un rôle dans la politique des indigènes. Chunda-Saheb quitta la prison de Sattarah en I74/, à la tête d’un corps de trois mille Mahrattes. H marcha sur !e Carnatique, secourut sur son chemin le rajah Chetterdroog, qui était sur le point d’être défait par celui de Bedroar. Il en obtint de l’argent et un renfort de troupes. Sur ces entrefaites, Nisam-al-Mulk, subahdar du Décan, mourut, et Nazir-Jung et Murzapha-Jung, l’un flls, et l’autre petit-fils de ce prince, se disputèrent le pouvoir.

D’après les conseils de Dupleix, Chunda-Sabed offrit le secours de sa petite armée à Murzapha-Jung les Français envoyèrent eux-mêmes un petit corps d armée au secours des deux a) !iés. Cette entreprise réussit, et après des péripéties et des batailles nombreuses, Kazir-Jung fut tué etMurzapha-Jungfutproclamé subahdar du Décan.

Les Français retirèrent de grands avantages de ce prince, qui reconnut Chunda-Saheb nabab dn Carnatique, et partit pour Hyderabad avec un corps d’Européens.

Dupleix était donc arrivé à force d’habileté à avoir deux souverains indigènes qui étaient ses créatures et qui le considéraient comme leur principal appui. Quelque temps après, Murzapha-Jung fut tué dans une révolte ; mais Bussy, qui commandait le petit corps d’armée français à Hyderabad, avait su prendre un tel ascendant sur les chefs indigènes, qu’il fit proclamer un des frères de Murzapba-Jung, nommé Saiabur-Jung.

Chunda-Sabeb, à l’instigation desFrançaiset avec leur secours, attaqua alors les Angfais, et les deux compagnies, sans s’inquiéter de la paix qui avait été conclue entre la France et l’Angleterre, se firent ainsi la guerre pour leur propre compte.

Les Français remportèrent de grands avantages, mais ces triomphes furent interrompus par le rappel de Dupleix, en 1754. Les ministres du roi Louis XV n’osèrent le soutenir. A partir de cette époque, la puissance des Français dans l’Inde décrut rapidement ; et, taudis que les Anglais, commandés par Clive, faisaient chaque jour de nouvelles conquêtes, les Français voyaient, an contraire, leurs possessions s’amoindrir et leur influence disparattre. Les Anglais soumirent leurs possessions à un système régulier d’exactions de toute nature ils s’emparèrent du monopole de toutes les denrées de première nécessité et réprimèrent la contrebande avec une cruauté sans exemple dans les annales des peuples chu~s. Cette tyrannie enrichit la Compagnie et ses agents mais les pays qui y étaient soumis dépérirent avec une effrayante rapidité et furent désolés par des famines terribles.

Tous ces excès motivèrent, ~n 1772, nne enquête du Parlement anglais, et William Mérédith, dans un éloquent discours, montra à l’Angleterre étonnée quelle avait été la conduite des agents de la Compagnie ; il les fit voir réduisant systématiquement au dernier degré de misère des populations entières, et amassant des monceaux d’or sur les cadavres de trois millions d’hommes morts de faim. Grâce an prestige des conquêtes militaires de Clive, et