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rèrent de presque tonte la côte de Malabar et constituèrent une puissauce formidable, qui, grâce à l’énergie et au talent des amiraux portugais, conserva longtemps le monopole du commerce de l’Inde.

Les Français et les Anglais, après de nombreux efforts. parvinrent cependant à chasser les Portugais de presque tous les points qu’ils occupaient, et dès la fin du seizième siècle la puissance des nouveaux venus avait complétement éclipsé celle des premiers conquérants. Les Francais furent les premiers à entreprendre la lutte contre les Portugais, et dès 1503 une expédition partit de Rouen dans ce but. Les Anglais firent aussi plusieurs tentatives analogues, en 1582 et en 1596 ; mais ces expéditions furent repoussées. Francis Drake d’abord, puis ensuite Thomas Cavendish, passèrent par le détroit de Magellan, brûlèrent les comptoirs espagnols de l’Amérique du Sud et ouvrirent des relations commerciales entre l’Angleterre et les iles Philippines.

Les Hollandais, à leur tour, imitèrent les Anglais et, en 1595, une expédition, commandée par Houtman, quitta Amsterdam. Le succès de cette première tentative enhardit les Hollandais, el leur commerce avec les Indes prit un rapide accroissement.

En 1599 fut formée, à Londres, une compagnie pour l’exploitation du commerce de l’Inde ; le capital social de cette entreprise fut fixé à 80,133 fiv. st. et divisé en 100 actions ou parts. Telle fut l’origine modes’e de la célèbre Compagnie des Indes, qui couvât les mers de ses Bottes, qui eut à sa solde une armée digne d’un grand empire et qui étendit sa domination sur plus de cent millions d’hommes. On était si loin de prévoir les brillantes destinées de la nouvelle compagnie que le départ des premiers navires fut suspendu par ordre pendant plusieurs mois, pour ne pas porter ombrage à 1 Espagne, avec laquelle l’Angleterre était sur le point de conclure un traité. Cette compagnie, désignée sous le nom de Compagnie des marchands de Londres, avait le monopole du commerce de tous les pays situés au delà du cap de Bonne-Espérance et du détroit de Magellan. Le privilège était limité à une période de quinze arnées, renouvelable à la volonté du gouvernement. La première expédition mit à la voile le 2 mai 1601. Cette expédition et presque toutes celles qui suivirent furent très-heureuses, et la Compagnie réalisa d’énormes bénéfices ; elle n’eut à essuyer que peu de résistance dans la plupart des pays où elle essaya de trafiquer, et ce n’est qu’en 1609 et 1610 qu’elle eut à combattre les Turcs, à Aden, et les Portugais sur la côte de Malabar.

En 1611, le roi Jacques envoya une expédition sons les ordres de Thomas Bert, qui se rendit à Agra, auprès du Grand Mogol, et conclut avec ce’prince nn traité d’alliance fort avantageux pour l’Angleterre. En exécution de ce traité, la Compagnie reçut l’autorisation de construire son premier entrepôt à Hoo~ly. A la même époque, les états généraux de Hollande approuvèrent les statuts d’une compagnie des Grandes-Indes qui fut à peu près organisée sur le modèle de la Compagnie anglaise. En 1617, les Anglais portèrent le capital de la Compagnie à la somme de i,GOO,000 liv. st. Cette somme, considérable pour l’époque dont nous parlons, ne fut cependant pas longtemps suffisante, et en t63t, uns nouvelle souscription de 470,000 liv. st. fut ouverte. Cependant, en dépit de tous ses succès, la Compagnie fut un moment sur le point de périr par suite de la concurrence que lui fit une autre compagnie anglaise qne le roi avait autorisée, et dont on assure même qu’il était fondateur. Mais cette crise fut de courte durée, et, en t639. les deux compagnies rivales se fusionnèrent.

En 1642, la Compagnie éleva, à Madraspatam, son premier fort, nommé fort Saint-Georges. En 1652, elle obtint le privilége du commerce dans la riche province du Bengale. En 1663, les Anglais occupèrent Bombay qui leur fut cédé par les Portugais, et, en 1675, une révolte ayant eu lieu dans cette place, le siège du gouvernement qui était à Surate fut transféré à Bombay.

Les indigènes du Bengale ayant montré de mauvaises dispositions à l’égard des agents de la Compagnie, les Anglais envoyèrent sur la cote une expédition militaire ; c’était la première fois que la Compagnie avait recours aux armes. Ses débuts furent peu brillants ; plusieurs de ses factoreries furent pillées et brûlées. Elle envoya une nouvelle expédition qui ne fut pas plus heureuse que la précédente, et elle dut évacuer le Bengale.

Les Français travaillèreni avec énergie à rattraper le temps qu’ils avaient perdu. Nous avons déjà parlé d’une tentative infructueuse faite par eux en 1503. Ce fut encore de Bretagne que sortit la deuxième expédition française, et elle n’eut qu’un résultat insignifiant. U en fut de même d’une première, puis d’une seconde Compagnie des Indes qui furent instituées, mais qui ne purent réunir des fonds sufïisants. Enfin, en 1615, un Français, nommé Gérard Leroy, qui avait vainement cherché à constituer les deux compagnies des Indes, réussit à armer deux vaisseaux ; il arriva à Java, mais les Hollandais lui ayant suscité des diNicultés, il fut forcé de vendre un de ses navires. Cependant l’entreprise n’en rapporta pas moins des bénéfices assez considérables pour encourager les négociants français à suivre la voie que Gérard leur avait tracée. Une nouvelle expédition sortit, en 1618, d’Honneur un des navires se perdit, en revenant de Sumatra, et l’autre rentra au Havre, après un heureux voyage. Cette compagnie résolut de créer un établissement dans l’Ile de Madagascar. (Foy.) Cette tentative eut peu de succès, et, en 1642, les établissements français de Madagascar étaient encore réduits à la limite de leurs fortifications.

En 1654, le maréchal de la Meilleraie expé-