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et le titre que prend ce souverain. Mais l’égalité demande qu’aucune nation n’ait à souBrir pour les changements de choses et de personnes qu’elle aura cru devoir faire dans son Etat, pourvu qu’elle n’ait causé de dommage à aucune autre.

Il est d’usage qu’un souverain ou ses représentants, lorsqu’ils se trouvent hors de leur territoire, reçoivent certains honneurs ; mais on ne peut les exiger d’un peuple qui, sans anecter de mépris, ne croira pas devoir donner de telles marques d’attention ; ni de celui à qui ses mœurs et sa constitution interdisent trop de déférence pour les tètes couronnées. Ce dernier cas peut se voir dans une république. La Suisse, par exemple, n’accorde des honBeurs, et surtout des honneurs militaires, à aucun monarque traversant son territoire ou y séjournant. Seulement il peut arriver que ce souverain reçoive de quelques membres d’un gouvernement cantonal ou du président du Conseil fédéral une visite de haute courtoisie. Les États-Unis d’Amérique en usent à peu près de même, bien qu’ils semblent portés à déroger sans peine à cette coutume suivant la circonstance. Les droits de Préséance ont causé autrefois des ruptures entre gouvernements et produit des guerres, parce qu’à la place du sentiment de )’égalité ou a mis souvent l’orgueil, la présomption, la vanité. Poussées jusque-là, les exigences du rang sont tout à la fois puériles et cruelles. Mais les hommes se laissent plus souvent inspirer par leur droit que conseiller par leur devoir, et c’est pourquoi il est nécessaire d’établir des règles et des usages, afin d’empêcher les froissements. Autrefois, ces règles étaient nombreuses, souvent bizarres ; mais actuellement la plupart de ces règles sont tombées en discrédit. (Voy. Agent diplomatique.) On a, de nos jours, des intérêts trop sérieux à débattre pour s’arrêter à des détails inspirés par la vanité et le désœuvrement. G. CaAMpsEJx.

COMPAREZ : Intervention, Protectorats Reconnais.Eance internationale.

INDES. L’Inde proprement dite est tout le pays qui s’étend depuis l’Himalaya jusqu’à la mer. Cette vaste contrée jouit d’un des plus beaux climats du monde, et, gràce à sa position, elle est couverte des productions les plus riches et les plus variées.

L’Inde est, sinon le berceau de la race humaine tout entière, du moins l’un des pays où l’homme se multiplia le plus rapidement. La richesse du sol et la douceur des mœurs des premiers habitants de l’Inde attirèrent dans ces contrées des hordes de barbares qui vinrent successivement les ravager, s’y établir, et qui créèrent partcur superposition cette multitude de castes différentes d’aspect, de mœurs, de religion, qui subsistent encore aujourd’hui, distinctes les unes des autres, et que rien n’a pu fondre en un tout homogène.

Cette multiplicité de peuplades diverses, habitant le même sol depuis des milliers d’années et restant cependant étrangères les unes aux autres, est un des phénomènes les plus curieux de l’histoire de l’humanité, et daus aucun pays le même fait ne s’est reproduit sur une aussi vaste échelle, ni avec la même persistance.

Chose non moins singulière, tous ces peuples ont conservé leurs traditions et les monuments de leur territoire ont subsisté en dépit de toutes les invasions et de tous les malheurs dont ce pays a été le théâtre.

Les premières races qui habitaient l’Inde, subsistent encore aujourd’hui, refoulées daus les montagnes inaccessibles ; ce ne sont plus que de petites peuplades misérables que le temps et les circonstances ont rendues tout à fait étrangères les unes aux autres. Leurs langues qui seraient le seul moyen de retrouver la trace de ces nationalités dispersées, ont été peu étudiées jusqu’à ce jour, de sorte qu’il est presque impossible, vu l’état actuel de nos connaissances, de procéder au travail intéressant de leur classement et à la recherche de leur origine ; ce sera l’œuvre des générations futures. On ne peut à ce sujet que hasarder des conjectures qu’il est inutile d’énoncer ici. Tout ce que l’on peut dire, c’est que ces peuplades semblent divisées en deux grandes races primitives qui se sont croisées de toutes tes manières possibles une blanche dont le profil, les cheveux et les principaux caractères physiologiques démontrent l’origine caucasique et une noire ayant, ainsi qu’en témoignent ses cheveux crépus et tout son ensemble, de grandes afunités avec les races des Papous ou nègres océaniens, dont elle est peut-être la souche.

L’histoire de l’Inde peut se diviser en quatre grandes périodes

La première, depuis l’invasion des Aryas jusqu’à celle d’Alexandre-le-Grand ; La deuxième, depuis l’invasion d’Alexandre jusqu’à la conquête de l’Inde par Mahmoud le Gasnévide ;

La troisième, depuis l’invasion de Mahmoud le Gasnévide jusqu’à l’époque des premiers établissements des Européens dans l’Inde La quatrième, depuis l’époque de l’établissement des Européens dans l’Inde jusqu’à nos jours.

On comprendra que nous négligions complétement les trois premières périodes pour nous occuper exclusivement de la quatrième ; la nature de ce recueil nous impose cette obligation. Nous examinerons aussi très-rapidement l’histoire de l’établissement des Européens dans l’Inde, et nous ne traiterons en détail que la période tout à fait contemporaine, la seule intéressante au point de vue politique et économique. C’est à la tm du quinzième siècle que les Européens entrèrent dans l’Inde. Les Portugais doublèrent les premiers le cap de Bonne-Espérance et tracèrent pour ainsi dire la route aux nouveaux conquérants qui devaient subjuguer toute la Péninsule indienne. Vasco de Gama d’abord, puis ensuite Albuquerque, s’empa-