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du nombre des hommes quisont tes dépositaires de l’autorité, Destutt de Tracy établit qne tons les gouvernements se rangent dans deux classes, savoir ceux qui sont fondés sur les droits généraux des hommes, et ceux qui se prétendent fondés sur des droits particuliers. Ceux-ci appartiennent an temps de l’ignorance et au règne de la force ; ceux-Is n’apparaissent que quand les ténèbres disparaissent et que l’ordre éternel des choses dans ses rapports avec nous a été observé. Les gouvernements qui naissent sous l’influence de la ratson n’ont aussi que la raison pour principe moteur et conservateur. Lenr première loi est d’être faits pour les gouvernés et non pas les gouvernés pour eux ; la seconde, qu’il ne doit jamais y avoir dans la société une puissance telle qu’on ne puisse pas la changer sans violence, ni telle que, lorsqu’elle change, toute la marche de la société change avec elle ; enfin, la troisième, d’avoir toujours pour but la conservation de l’indépendance de la nation et de la liberté de ses membres, et celle de la paix intérieure et extérieure.

Ces idées étaient peu go&tées de Napoléon on le conçoit sans peine. Pendant longtemps, il se contenta cependant de les traiter comme des chimères sans conséquence. Plus tard, il en parla en des termes dont la vivacité et la dureté étonneraient, s’ils ne s’expliquaient par l’irritation produite dans son esprit par les malheurs de 1812, peut-être aussi par quelque crainte encore vague de voir se dissiper le prestige dont ses victoires l’avaient entouré. C’est à J’idéotogie, dit-il dans sa réponse au conseil d’Etat, le 20 décembre 1812, à cette ténébreuse métaphysique qui, en cherchant avec subtilité les causes premières, veut sur ses bases fonder la tégistati. des peuples, au lieu d’approprier les lois à la connaissance du coeur humain et aux leçons de l’histoire, qu’il faut attribuer tous les malheurs qu’a éprouvés notre belle France. Ces erreurs devaient et ont effectivement amené le règne des hommes de sang. »

M y a, il faut le reconnaître, des hommes qui professent un dogmatisme politique d’une étroitesse extrême, d’un fanatisme aveugle, qui prétendent régénérer tout d’un coup la société, en la coulant dans le moule de leurs systèmes ih6exibtes, qui, faisant abstraction de la réatité des choses, s’imaginent que dés qu’un principe social, sanctionné par la raison, vient à être reconnu, la réalisation en est immédiatement obligatoire, et qui se croient autorisés, coûte que coûte, à l’imposer par la violence, si l’on ne veut, si l’on ne peut t’accepter par conviction. Il y a ea de ces hommes dans la Convention c’est à eux que s’adressent tes accusa* fions de Napoléon 1~ ; elles n’atteignent pas les idéologues. t>

Que demandaient les idéologues ? Une senle chose que dans le gouvernement des sociétés humaines la raison prit la place de la force, de Fégotsme, des préjugés et de la routine. Bien loin de se refuser à approprier les lois à la connaissance du cœur humain et à tenir compte des « leçons de l’histoire Destutt de Tracy montre avec un grand bon sens que les institutions les meilleures absolument ne sont pas toujours les meilleures relativement, que celles-là conviennent le mieux à une nation, qui sont le plus conformes, non pas seulement an caractère général de cette nation, mais encore à l’état présent de ses moeurs, de ses besoins, de son esprit, et qu’elles ne peuvent s’améliorer que proporlionnellement à l’accroissement des lumières dans la masse du peuple.

Si l’auteur du commentaire sur l’Esprit <fe< lois avait pu être consulté par les provinces unies de l’Amérique du Sud, par la répubnque de Vénézuéla et par celle de Colombia, quand, après avoir conquis lenr indépendance, elles résolurent de se donner des constitutions copiées sur celle des États-Unis, il leur aurait dit sans le moindre doute Les lois que vous voulez vous donner sont excellentes’ ; mais avez-vous bien examiné si elles sont en rapport avec votre nature, vos habitudes, votre degré de culture ? Elles ont été faites par des hommes qui ont d’antres idées, d’autres mœurs, d’autres antécédents que vous. Prenez garde qu’elles ne restent pour vous une lettre morte, et qu’elles ne soient incapables de vous conduire à cette prospérité qu’elles ont créée dans les États-Unis. Il pourrait se faire que le terrain nouveau dans lequel elles vont être transportées ne fût pas encore assez convenablement préparé pour les recevoir. Je me

fig.re qu’un des héros de la Convention leur aurait tenu un langage absolument contraire. Mais aux yeux de tout homme habitué an pouvoir absolu, comme encore aux yeux de tout homme qui ne croit -l’ordre possible que par la contrainte, les différences, cependant si profondes, qui séparent les idéologues des hommes de sang avec lesquels les confondait Napoléon I", devaient passer inaperçues, et leurs théories, qui n’en appelaient qn’â la raison, paraXre des erreurs dangereuses pour la paix publique. Ces craintes n’ont pas encore disparu, et cependant l’histoire a sufnsamment démontré que, dans nos sociétés modernes, la contrainte ne saurait rien produire de stable, que tout ce qui n’est pas en harmonie avec les facultés de la nature humaine est une cause plus ou moins prochaine de troubles ou de décadence, et que l’équilibre des esprits, condition de l’ordre véritable, ne peut nattre que de la libre discussion des idées et des systèmes. MICHEL NICOLAS.

CoMMmH Principes, Systèmes.

ÏLLUMINËS. Il a existé plusieurs sociétés sous ce nom, mais nous ne pouvons consacrer quelques lignes qu’à celle qui a été fondée le le. mai 1776, par le professeur Weishaupt, à 1. C’est en effet ce tan~a~e absurde qne la poHteete pent nom obliger A tenir la loi est excellente, mait elle est inapplicable (c’est-à-dire mauvaise). Il est absurde aussi de dire la loi est conforme à la raison, mats elle n’est pas conforme MX faits (c’est-à-dire elle est Inapplicable). M. B.