rait la peine de le lire ? C’est qu’il y a une grande différence entre un historiographe et un historien. Voltaire lui-mème fail sentir cette dUférencc, lui qui fut sans doute nn bon historien, et même i’nn des plus éclairés et des plus utiles, mais qui fut aussi, par brevet, historiographe du roi, ce dont on s’aperçoit dans son histoire du règne de Louis XV. Sons Louis XIV, la plume officielle appartint d’abord à Petisson. puis à Racine et à Boi !eauqui se donnait la peine de suivre le roi dans ses campagnes, et qui bravait même la hauteur de Lonvois pour obtenir d’exactes informations de détail, mais qui, en racontant )c passage du Rhin, n’arrive pas à nous apprendre si Louis XIV passa rée))emcnt le fleuve avec l’avantgarde de son armée. On avait déjà vu, sous Charles VII. le spirituel ou natf Alain Chartier, faire autour du roi une espèce d’enquête pour déterminer quel genre de liaison 1 avait uni à la belle et patriotique Agnès Sorel, et déclarer que. pièces en main, cette maîtresse de Charles VII. qui eut de lui trois incs, ne fut jamais que son amie trés-chastc. Aussi, Duclos, qui n’était pas trés-capabfc d’être un historien et qui ne voulait pas n’être qu’un historiographe, prit-il le parti de ne laisser voir ses manuscrits qu’après sa mort.
Dans les États républicains, il était plus facile à un historiographe d’écrire de l’histoire, mais il n’était pas encore entièrement libre, et on le voit jusque dans l’œuvrc de Nani, l’historiographe de Venise. C’est autre chose en
Chine, où les historiographes sont des magistrats qui ne dépendent absolument de personne, et qni, en vertu d’une loi supérieure au pouvoir de la monarchie, laissent tomber chaque jour leurs écrits dans une salle où nul ne pénètre, et qui n’est ouverte qu’à t’extinction de la dynastie régnante. Mais. sous les républiques comme sous les monarchies, on pent dire aujourd’hui que l’institution d’un historiographe titré et pensionné n’a pas de raison d’être, et encore qu’elle a toujours été sans ntitité, même pour les rois qui l’étabtirent. C’est une charge à effacer désormais du nombre des fonctions politiques.
HOLLANDE. Foy. Pays-Bas.
HOMMAGE. Voy. Féodalité.
HOMME D’ÉTAT. Le nom d’homme <~< appartient à celui en qui se rencontrent tes hautes facultés qui constituent essentiellement la science de la politique, le grand art de gouverner tes hommes’ : M’r rei ~MMc<B peritus. Mais ie donnera-t-on toujours à celui qui est ou qui a été aux affaires, qui a exercé euectivement le pouvoir, et le donnera-t-on seulemeut à celui-là ? Non, certes, t’homme qui gouverne peut n’être qu’un homme en place. nn haut fonctionnaire ; il n’a droit au nom d’homme d’Etat que s’il a fait ses preuves et ~u ne saurait Je refuser au politique, même ~a’if, qui joint l’esprit pratique à la théo~hqm s’est fait reconnaître digne de gou-PAUL BOITEAU.
verner. Aussi a-t-on dit avec raison que l’on peut être homme d’État sans gouverner, et gouverner sans être homme d’État. Tel orateur, tel publiciste, tel professeur même ou tel poëte s’est montré parfois plus homme d’Éta), soit à la tribune, soit dans ses écrits, et a mieux mérite ce titre que tel chef de république ou dempire, ou tel premier ministre. f Daniel Charnier (dit Bayle, en parlant de ce octobre pasteur protestant) n’était pas moins ministre d’État que ministre d’Église. Dupleix, dit Raynal, cachait sous les occupations d’uu marchand famé d’un homme d’État, e Être homme d’j~at, c’est donc être réellement apte à gouverner, à représenter l’État, à agir et stipukr eu son nom ; c’est comprendre les droits. les devoirs, les fonctions, les intérêts de i’Étnt. Quelle tâche pourrait être plus importante et plus dimcite ? « C’est vraiment, a dit Grégoire de Nazianze, l’art des arts, et la. science des sciences, que de gouverner Fitomntc, cet être si o~~aH< et si divers. » (Et ~t :At ~f/e< :t<’ a/ </r~HH e< scientia scientia~ ;MM Ao ;)M’Kem t-e~e~’e, cKt’mr~ ~am fa~-tMW et multiplex.) L’histoire nous moutrc que le plus habile guerrier. le plus grand conquérant n’est pas toujours homme d’État. fi L’art de gouverner les hommes, a dit Tite-Live, fait plus souvent défaut aux génies supérieurs que l’art de les vaincre. » (E~ce~H~&M~t’H~eMi’~c~tM~ de~ :<eyt’< ars qud c :~em ?-~aM< ~Ma~t quit Ao~~em .)e/’f ;:f.)
Quelles quatités sont principalement nécesSaires au véritaNe homme d’État ? Napoléon I", si bon juge là même où il n’a pas toujours suivi ses préceptes, a dit fi H en est des Etats comme d’un bâtiment qui navigue, et comme d’une armée il faut que la froideur, de la modération, de la sagesse, de la raison dans la conception des ordres, commandements ou lois, et de l’énergie et de la vigueur dans )’exécution. » II a dit aussi < L’homme fait pour les affaires et l’autorité ne voit point les personnes il ne voit que les choses, leur poids et leurs conséquences. » Il a encore exprimé les mêmes idées d’un seul mot « Le cœur d’un homme d’État doit être dans sa tête. » (Lettre de 1797, et ~femo/’M~.)
Quelle vue de gouvernement doit surtout diriger le grand politique ? « Le but de l’homme d’État, a dit Napoléon III, doit être de détruire, autant que faire se peut, l’esprit de caste, et d’unir tous les citoyens dans une même pensée, comme dans un même intérêt. (Écrit de 1843.)
Fénelon a placé dans la bouche du cardinal de Richelieu un portrait idéal de l’homme d’État fi La vraie habileté, lui fait-il dire, consiste à n’avoir jamais besoin de tromper et à réussir toujours par des moyens honnêtes. Ce n’est 1. Par contre, Napoléon I" disait qu’il n’étftit pM nécessaire d’être poBte pour juger la tragédie, 7 qu’il snCBa~it d’être homme d Etat. (Af~’moj’MrZ.) Nous croyons que t’expressiun d’homme d’Etat ne peut être appliquée qu’à ceux qui ont récjtennjut pris part au gouvernement ; les écrivaina politiques sont des pnbUcLites M. B.