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Les empereurs ont emptoyé leur pouvoir à faire obéir t’Ègiise ; et Rome a été le chef de l’empire spirituel que Jésus-Christ a von)u étendre par toute la terre.

Cela peut être, comme disait Voltaire ; mais les grandeurs des Grecs et des Romains ont encore d’autres causes ; et Bossuet notes a pas omises en parlant de l’esprit des nations. En effet, la majesté de la politique théocratique de Bossuet nous étonne, mais elle ne remplit plus toute notre intelligence, et, plus divine qu’humaine, nous sentons que les temps sont passés où ses enseignements pouvaient suture à susciter les vertus publiques. il nous faut désormais des citoyens, et c’est une autre philosophie de histoire qui pouvait seule les faire naître. Le doigt de Dieu marqué sur toutes les pages de notre passé, c’est une sorte de fatahsmc qui ne nourrit pas nos âmes d’énergie dans des temps où t’homme ne doit pas douter de sa hbcrté et où il nc peut plus douter de sa puissance. Quels miraclcs, en effet, la science n’a-t-ciie pas fait jaiXir autour de nous de tous les éfémcnts dent se compose la matière, depuis qu’éctairée par les Bacon, les Descartes et tous les lumineux esprits du dix-huitième siècle, elle a régénéré la physique et créé la chimie En dominant les corps et les puissances inertes, nous avons senti que Dieu nous a laissés maures d’agir et de modifier même son œuvre. Avant même Bossuet, uue bouche aussi éloquente que la sienne, un croyant plus passionné, un esprit plus vigoureusement trempé aux lultes de la foi et de la raison, uu grand savant, Pascal, avait déjà dit

Par une prérogative particuiièt’e. non-seu]ement chacun des hommes s’avance de jour en jour dans les sciences, mais tous les hommes ensemble y font un continue) progrès a mesure que l’univers vieillit, parce que ia même chose arrive dans la succession des hotumes que dans les âges différents d’un particulier. De sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours, et qui apprend continucHement d’où l’on voit avec combien d’injustice nous respectons l’antiquité dans ses phiiosophes car, comme la vieillesse est l’âge le plus distant de t’enfauce, qui ne voit que la vieillesse de cet homme universel ne doit pas être cherchée dans les temps proches de sa naissance, mais dans ceux qui en sont les pins éloignés. Ceux que nous appelons anciens étaient véritablement nouveaux en toutes choses, et formaient l’enfance des hommes proprement [dite] ; et comme nous avons joint à leurs connaissances l’expérience des siècles qui les ont suivis, c’est en nous que l’on peut trouver cette antiquité que nous révérons dans les autres.. » L’âge d’or est donc en avant de nous et non pas en arrière, avec les mystères et les fables, avec l’ignorance et la misère. Vérité banale aujourd’hui. ou du moins qui devrait t’être, pour que, à coté de la théorie de saint Augustin et de Bossuet, il en brillât une qui mtt non pas plus d’espérance, mais plusd’orgueil dans nos coeurs. Pascal ne faisait pourtant pas là de politique ; il jetait seulement dans la circulation l’uue de ces grandes pensées dont son intelligence était pleine.

En 1725. Vico pnblia ses Principes <fMH~ science MO~t’e~C relative à la Mf !~tr< ; commune ~f. ! ~<o~ L’État y a enfin une place à coté df la religion et toute l’hisfoire est divisée en trois âges l’âge divin, où règne le prêtre ; l’âge héroïque, où triomphe la force bmtate du soldat, et enfin. rage humain, rage de l’homme instruit et désarme, l’âge de la morale et des lois, l’âge de la civilisation, Mais Vico enferme chaque peuple dans le cercle d’une vie iudividuelle, et chaque fois qu’elles s’y sont éievées, il condamne les sociétés à choir encore une fois dans l’ombre et à recommencer Jour pénible ascension vers )a lumière.

L’histoire doit.cite s’inspirer à la fois de la philologie et de la philosophie ? Eitc~Yerra alors que, dans le développement de leur langage comme dans toute la. série de leurs actes sociauz et civils, les peuples ont suivi une loi unique et commune, qu’ils sont arrivés à un même but et que partout les mêmes révolulions reparaissent lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines. Voilà, du moins, quelle est la doctrine de Vico.

La conclusion de la Science nouvelle, c’est que le monde social est l’oeuvre du libre dévctoppement des facultés humaines, mais que ce monde n’en est pas moins sorti d’une intelligenc ? souvent contraire, et toujours supérieure aux fin~ particulières û ::e ic~ hommes s’épient proposées, ~oy. un articiu de M. Micftcfet dans la Biographie ~cAaM~, de f827, qui est la première esquisse de son grand travail sur Vico.) La Providence ne nous force point par des lois positives, mais se sert, pour nous gouverner. des usages que nous suivons librement. U semble que cette doctrine n’est pas d’une clarté suffisante pour faire voir à l’homme le but de cette liberté qu’on lui accorde et que presque aussitôt on lui ravit. Et d’ailleurs, en nous enfermant peuple à peuple dans des cercles infrauchissabfes, d’où nous montons et au fond desquels nous retombons tonjourt, Vico n’a pas allumé au dessus de nos tètes le phare d’un avenir digne des grandes œuvres intellectuelles et matérielles que l’humanité avait accomp)ics et surtout allait accomplir. Mais c’était beaucoup que d’avoir déjà proclamé l’nniformité ou l’unité des peuples, que d’avoir accepté pour premier principe que l’homme est sociable, et, en recherchant tes fois de la morale commune, d’avoir écarté du champ d’expérience les Épicuriens comme ies S !oïciens, et avec eux tous les disciples des sectes excessives, pour se fier uniquement aux Ptatouiciens qui reconnaissent la Providence, qui croient à t’immortauté de Famé et qui regardent comme une nécessité de faire des vertus avec les passions humaines.

Néanmoins. Pascal avait jeté un regard plus magistral et pins vaste déjà sur la terre et sur les chemins que s’y tracent si pénibiement les peuples, et ce n’est pas sans raison qu’à )a