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MAHOSÉTISME.


dans la morne agonie ou H se débat sous nos yeux.

En politique comme en religion, Mahomet n’a rien inventé. Il établit cette unité de la nation qu’appelaient toutes les tribus arabes, et qu’avaient commencée, à leur profit, les aristocrates de la Mecque. La création d’un conseil exécutif supérieur au conseil des anciens, la perception de l’aumône destinée à défrayer les pèlerins, la garde des clefs de la Caaba, l’intendance des eaux, la découverte du puits de Zemzen, avaient, bien avant Mahomet, constitué aux CoréiscMes une hégémonie incontestée sur l’Arabie ; mais le lien politique manquait encore. Mahomet réunit les tribus en un faisceau sacré. !I proclama l’égalité absolue entre ses disciples, et dit < Mes fidèles assemblés ne sauraient faire un mauvais choix. Ainsi la souveraineté sortait de l’oligarchie des Coréischites, et de rassemblée des scheiks alliés elle entrait par luispiration divine, dans l’église mus~jiaane, dans t’assfblée des Mints d’Ismaël. C’était la théocrade dans le sens étymologique du mot, le gouvernement, non des prêtres, mais de Dieu même. Cette égalité politique trouvait son exercice dans l’élection du chef qui devait mener les mn&L.lmans à la guerre sainte ; mais elle se bornait là. De toutes les démocraties, celle-là fut la plus disposée à se concentrer dans un dictateur militaire ; et, d’ailleurs, il n’était point question, dans cette société, de puissance législative la loi était faite, et devait être éterneJic.

Quand Abou-Bekr vint à l’assemblée réciter la prière, après la mort de Mahomet, il ne monta pas dans la chaire ; il s’arrêta quelques degrés plus bas. Ainsi firent Omar et Othman. Les khalifes (vice-prophètes) ne s’envisagèrent jamais comme inspirés. Le titre d’Emir al-Mouminin que prit Omar indique bien ce qu’il voulait être le prince des croyants, le commandant de la guerre sainte.

Les premiers khalifes, du reste, ne se distinguaient du dernier des Arabes que par le

commandement. Les distinctions qui existaient alors entre les musulmans étaient toutes moriles ; le degré de parenté avec le prophète et le mérite religieux, tels furent les titres qui déterminèrent l’ordre d’inscription au diwani {liste de recensement des fidèles) pour le partage des fiits de la conquête.

Les Oméyyades créèrent une aristocratie plus redoutable ; le diwani devint entre leurs mains la feuille des bénéfices militaires ; en retour, les détenteurs de ces bénéBces leur assurèrent l’hérédité du khalifat. Alors les chefs de l’islamisme échangèrent la dictature démocratique des premiers vicaires du prophète, pour le despotisme des rois de Perse et des exarques byzantins. La république musulmane, comme la république romaine, périt patl’ex" lension.Le second peuple-roi ne put échapper aux lentes et invincibles influences des* races conquises. Vingt ans après Mahomet, l’Arabie est humiliée, dépassée par les provinces ; cent ~ns après, le génie arabe est presque compte-’ tement effacé ; la Perse triomphe par ravénement des Abbassides ; l’Arabie disparait pour toujours de la scène du monde, et pendant que sa langue et sa religion vont porter la civilisation depuis la Ma)aisie jusqu’au Maroc, de Tombouctou à Samarcande, elle, oubliée, refoulée dans ses déserts, redevient ce qu’elle était an temps d’Ismaël.

La liberté se réfugia dans les colonies d’Afrique et de Sicile, loin des yeux du khalife héréditaire, bien que sous la menace de ses walis. Les colonies arabes eurent des magistrats élus, des assemblées municipales, qui décidaient de la paix et de la guerre. Cette civilisation politique, troublée d’ailleurs par les factions, par l’éternelle anarchie de l’esprit arabe, dura jusqu’aux invasions des conquérants religieux, les Fatimites, les Almoravides. En Asie, 1’incap.acité des Arabes à fonder des milices régulières, et par suite la création de gardes turques, la concentration de tous les pouvoirs dans les mains des emM- e/-omr~, précipitèrent le khalifat dans le plus déplorable abaissement. Le soulèvement des feudataires, les invasions des Mongols, remplirent de sang le monde musulman. Quand la puissance des Turcs Osmanlis eut absorbé celle de tous les autres, la paix se fit, et la Turquie ne fut plus redoutable qu’à la Perse et à l’Europe mais cette centralisation amena vite l’épouvantable corruption qui a réduit l’empire

ottoman à l’état de dégradation d’où aucun effort humain ne pourra le tirer.

Sous le khalifat comme sous les dynasties qui s’élevèrent comme des nuées, de la poussière de ses pieds x, une seule garantie resta aux musulmans, la loi descendue du ciel. Cette loi qui, pour les Schiites, sectateurs d’Ali, se réduit au Coran, comprend encore, pour les Sunnites, la tradition des dires du prophète, 1 recueillis pàr ses familiers, les décisions des quatre premiers khalifes et des quatre grands imams. La législation, à l’époque turque, s’est encore augmentée des décisions de deux cents jurisconsultes, réunis sous Mahomet H, et da Code de Soliman. Les articles de foi de NéseS définissent ainsi le pouvoir suprême a L’imam a le droit et le devoir de veiller à l’observation des préceptes de la loi, de faire exécuter les peines légales, de défendre les frontières, de lever les armées, de percevoir les dîmes 6&* cales, de réprimer les rebelles et les brigands, de présider à la prière publique du vendredi et aux fêtes du Beïram, de juger les citoyen :, de vider les duTérends qui s’élèvent entre têt sujets (raïas), d’admettre lesprenvesJuhdiquM dans les causes légitimes, de marier les enfants mineurs de l’un et de l’antre sexe qui manquent de tuteurs naturels, et de procéder an partage dn bntin 16ga !. < Ge pouvoir est exorbitant ; mais il n’est pas absolu. la Perse même, Saadi écrivait : <r Le cadi obéit au vizir, le vizir au sultan et le sultan à la loi par la" quelle le peuple obéit Ini-nïémo. » Quelques canonistes contestent même ait sultan te droiMe&iredesIoi~OtganiqnespOnr