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LIBRE ÉCHANGE.


principes ou véritables notions, à l’aide desquelles on peut les combattre faire les observations, les analyses, les découvertes, à l’aide desquelles on peut établir ces principes ; se reconnaltre dans toutes ces discussions, dans tontes ces luttes, dans toutes ces explications an milieu des difncnités soulevées par les avocats des intérêts, les partisans des systèmes, les défenseurs des théories ; modifier pour s’entendre ie sens d’une série des mots les plus usités de la langue usuelle, telle aura été la tàche des fondateurs de la science économique, à la fin du dernier siècle et dans la première moitié de celui-ci.

De tous ces cfforts, de toutes ces veilles, de toutes ces discussions, comme aussi de toutes les expériences des gouvernements et des peuples par prohibitions, tarifs, entraves, traités plus ou moins violés, possessions lointaines, esclavage, de toutes ces guerres et représailles, de ces myriades de richesses et de labeurs perdus, de ces fleuves de sang et de larmes, étudiés, analysés, appréciés, sont résultées ces vérités fondamentales

Que le travail libre est le plus productif et le plus fécond ; que le travail est d’autant plus libre que la propriété du travailleur est plus garantie ; que le travail est d’autant plus libre, et la propriété est d’autant mieux garantie, que l’échange est plus libre.

En d’autres termes, le libre échange est la condition par excellence pour tirer le meilleur parti du travail et du capital, des avantages du sol, des aptitudes des habitants, pour arriver au maximum de production et au plus grand développement agricole, industriel, commercial, intellectuel des peuples ; à la circulation la plus active des richesses naturelles et immatérielles ; à la répartition la plus équitable entre les producteurs ; et à l’emploi le plus rationnel dans l’intérêt des individus et des sociétés.

III. -Ici, comme en beaucoup de sujets, parler du point de vue économique, c’est parler aussi du point de vue politique. La politique se propose pour but les résultats que donue le libre échange ; donc le libre échange est l’idéal vers lequel doivent tendre les gouvernements et les législateurs de tous les peuples, en réformant, dans l’arsenal des lois, des règlements et traités internationaux du passé, ce qui est contraire à la liberté des transactions entre individus dans la même localité, dans des localités différentes, dans les diverses provinces, dans les diverses nations. C’est pour chacun d’eux une forte tàche, tant pour s’éclairer eux-mêmes que pour persuader l’opinion, vaincre les résistances, formuler les réformes et s’entendre les uns avec les autres ; tâche qui semble devoir et pouvoir être remplie dans ce siècle et ce sera dans les siècles futurs l’hoNnenr de l’économie politique d’avoir préparé cette heureuse et féconde transformation des esprits et des choses, par des efforts commencés vers le milieu du dix-neuvième siècle et continués avec une persévérance et un désintéressement qu’il est bon de constater, au

milieu des récriminations qui retentissent encore à nos oreilles.

La plupart des complications internationales du passé ont eu pour cause les fausses idées des peuples et des gouvernements sur les intérêts commerciaux et réciproques des nations, fausses idées qui ont produit les trois quarts dèsguerres et des spoliations que nous raconte l’histoire, les infamies de la diplomatie, les haines nationales aussi stupides que barbares, l’appauvrissement, la démoralisation, l’asservissement des peuples. Car qui pourrait dire à quel degré le niveau économique et moral des peuples les plus civilisés serait aujourd’hui, si Charles-Quint et ses imitateurs eussent été inspirés par l’idée libre échangiste au lieu de l’avoir été par ridée inverse ? On ne l’ignore pas, les intérêts de Miigion, ceux des dynasties, les prétendus intérêts d’honneur des peuples, les questions de dignité, d’influence, de sécurité, n’ont été, à beaucoup d’égards, que des intérêts matériels des castes influentes,que des intérêts commerciaux mal entendus au point de vue des peuples et des nationalités. Donc toute mesure, toute réforme, toute tentative des gouvernements qui a pour effet, à un degré quelconque, de rapprocher les rapports internationaux vers la liberté commerciale, ou simplement même la diminution des erreurs économiques dans l’esprit des masses et de leurs représentants, est un notable progrés. C’est même à ce critérium qu’on peut apprécier désormais le degré d’intelligence et de moralité des gouvernements.

De tout temps le commerce a été considéré comme le lien des nations, comme un instrument de civilisation, en opérant le rapprochement des hommes et des choses, des hommes par les choses, des idées par les hommes. Le moyeu de provoquer les développements du commerce qu’on a tant cherché dans les moyens à rebours qui consistent en combinaisons d’entraves et de tarifs, de prohibitions et de primes, en traités et en finesses diplomatiques, ce moyen est le laissez-passer à la frontière, la liberté des transactions, la suppression de toute entrave, de tout obstacle, de tout tarif, de tout encouragement ou découragement c’est le laissez-faire à l’acheteur et au vendeur, au producteur et au consommateur, à ceux qui ont besoin de vendre et à ceux qui ont besoin d’acheter ; procédé simple et efficace comme ceux que la Providence a mis à la disposition des hommes, qui ont été en tout et partout chercher bien loin ce qu’ils avaient sons la main.

La levée des obstacles matériels, le pont qui met en communication les deux rives d’un fleuve, le viaduc qui franchit la vallée, le tunnel qui traverse la montagne, la route, le railway, la diligence, la locomotive, le fleuve, le canal, la mer, la vapeur qui rapprochent les distances, tous ces perfectionnements développent les échanges locaux, provinciaux, nationaux, continentaux. On l’a toujours compris, mais on n’en a bien senti l’importance que depuis ce siècle.~Eh bien, la levée de l’obstacle administratif, de