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LIBERTÉ.


évolution de l’humanité apporte nne question qu’il faut trancher tantôt la question du mariage civil, tantôt la question du divorce. Aujourd’hui le croissant envahissement des machines apporte des questions nouvelles, redoutables, urgentes ie travail des enfants et des femmes dans les fabriques, la crèche, l’asile, l’école, l’hospice, la mutualité, le logement séparé ou en commun. faut que )e siècie prenne parti sur tous ces points ; et par exemple, il y a lieu au moins pour les libéraux de se demander si la liberté du père va jusqu’au point de fermer à jamais pour son Ois l’accès à la liberté, en le condamnant à l’ignorance. Les questions sont plus nombreuses, sinon plus graves, quand il s’agit de la propriété. Mettra-ton des limites au droit de posséder, comme le veut la loi de 1810 sur les mines ? on au droit de tester, comme le veut l’article 913 du Code civil ? ou au droit de donner, comme le fait l’article 910 ? ou au droit de prêter, comme le prescrit la loi de 1807 ? ou au droit d’associer les capitaux, comme le font la plupart des lois qui règlent la constitution des sociétés industrielles

? Le travail et la propriété ont ia même 

consécration et le même droit ; le salaire est au travail ce que la rente est à la propriété. Le travail sera-t-il traité comme la propriété ? Aura-t-il le même droit de s’associer, de se capitaliser, de se coaliser ? Deux forces, l’nne morale ; l’autre physique, grandissent chaque jour ces questions la démocratie et les machines. Plus elles les grandissent, plus il est urgent de les résoudre, e* de les résoudre par la liberté. On a peur d’elle ; on la traite, et on n’a pas tort, comme quelque chose de nouveau. Il semblait, la veille du traité de commerce avec l’Angleterre de 1860, que si on abolissait les interdictions et les tarifs protecteurs, tout était perdu. Cependant la liberté commerciale est par elle-même un bienfait, et ce bienfait en amènera d’autres. Cette liberté pratique fera aimer et comprendre la liberté, parce qu’elle la fait toucher du doigt. C’est un très-grand fait philosophique et moral, comme l’abolition des maîtrises. Voilà déjà d’antres conquêtes, qui viennent à la suite la liberté de la boucherie, la liberté de la boulangerie. Si la liberté pratique fait des progrès, nons n’attendrons pas longtemps la liberté politique.

On a dit que la liberté, pour le peuple, consistait à ne pas mourir de faim. C’est une erreur monstrueuse, si on identifie la liberté avec la satisfaction des besoins matériels ; mais c’est une vérité au contraire, si on a voulu seulement constater ce fait que l’usage et le goût de la liberté ne sont pas possibles dans l’extrême misère. La première condition d’être libre, c’est de se posséder. Celui qui dépend absolument du capital d’autrui, est à peine libre. Il peut être libre dans la société politique ; il ne fest pas dans la société domestique. Mais avec h liberté de l’association, personne ne dépend absolument du capital d’autmi car le fait n’est tten il n’y a que le droit qui compte. La réponse aux ntopistes qui voudraient partager la propriété pour répandre la liberté, c’est le droit d’association et la mutualité.

Il faut montrer maintenant que le peuple est capable de se passionner pour la tiberté phi)osophique, que la liberté philosophique est l’instrument de tout progrès et de toute liberté, et que nous n’avons possédé en France la liberté philosophique qu’à de très-rares intervalles, et plutôt en fait qu’en droit.

C’est une opinion généralement reçue dans toutes tes classes de la société, que le peuple est indifférent à la philosophie. Si on veut dire à la philosophie scolaire, cela va de source ; s’il s’agit des grandes questions sociales et religieuses, c’est le contraire qui est vrai. L’humanité est toujours eUe-même il ne se pent pas qu’elle se désintéresse de ses plus grands intérêts, ni qu’elle cesse de regarder au delà de la mort. Quand elle oublie de penser à ce qui est grand, c’est que ses maures, hommes d’État ou philosophes, oublient de le lui présenter. De nos jours, toutes les écoles qui ont en de l’éclat et de la force ont été des écoles religieuses. Ceux qui l’ignorent n’ont jamais parlé aux foules.

Non-seulement le peuple aimela philosophie, mais il la comprend. Il y a en, en assez grand nombre, des époqnes dans i’hisioirc, où des questions très-ardues et très minutieuses de philosophie ou de théologie. ce qui au fond revient au même, car la théologie fait partie de la philosophie, -ont produit des schismes, des révolutions, des guerres civiles. des guerres de peuple à peuple. De ces questions, immortalisées par de grandes catastrophes, les unes étaient capitales, les antres ont péri. Quand on les regarde à distance, on trouve quelquefois qu’elles sonnent creux. et on se met à plaindre les chefs de parti et leurs sectateurs. Il faut plaindre surtout les chefs de parti ; eux seuls se sont sacrinés à des chimères. Mais puisque le peuple s’est levé. puisqu’il s’est passionné, c’est qu’il voyait toujours quelque chose an deià. et sans doute qne)qne chose de grand. Il n’a pas la rénexion de son intelligence ; il n’en a pas le secret mais il est intelligent. Qu’est-ce que philosophie ? Ce n’est pas recensement, c’est découverte. Pendant que les autres sciences constatent, la philosophie trouve, ou dn moins elle cherche. Son champ est l’avenir. Lors même qu’elle s’applique à l’histoire, c’est pour l’avenir qu’elle travaille, puisque la part qui M est propre, dans l’histoire, c’est la découverte des lois générales. Or, il y a trois manières de gouverner la société la ramener en arrière, la contenir dans l’immobilité, la pousser en avant. Pour que )a société marche en avant dans des routes nouvelles, il faut que la philosophie l’y ait précédée, les lui ait ouvertes, et l’y dirige. Les théologiens du moyen âge disaient que la philosophie est la mère des hérésies. Nous ne changerons presque pas la formule, en disant 1. Sam doute vent dire ici, ce nous semble, probaHM.ent ; ei l’auteur le prenait dtM le sens de < :tr<<n<m Ttf, nom devrions renvoyer te lecteur aux mou NathM et foz popMH. M. B.