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~a-’p~s~ Msë’e ’e~~ëtSs&P’~ttinEËê~~ ~H ! f chef du gouvernement sera toujours que son génie rend supérieur aux autres. ’’raie formule de la monarchie constitutionr’< !e, c’est le gouvernement indivis entre la .uronne et les représentants du pays. Quant la répartition de l’influence entre les détenteurs du pouvoir, c’est l’affaire du talent et de l’autorité, et non des formules. Sir Robert Peel, roi d’Angleterre, n’eut pas moins aisément accompli la réforme commerciale que sir Robert Peel, premier ministre, parce qu’il eût aisément trouvé des ministres pour le servir et une majorité pour les appuyer, dès que l’opinion était pour lui. La seule différence entre un souverain constitutionnel et un despote, c’est que le premier ne peut pas gouverner contre l’opinion ; il peut la précéder ou la suivre, mais il ne peut pas la contrarier et la seule limite qui lui soit imposée, c’est d’effacer son sentiment particulier, quand ce sentiment se trouve en désaccord avec l’opinion générale, et de changer de conseillers responsables, quand son cabinet est tombé en minorité. La vertu du régime parlementaire. ce n’est pas, comm° on le croit vulgairement, de dépouiller le souverain au profit de ses ministres c’est de toujours conférer le pouvoir au plus digne, c’est-à-dire à l’homme en qui s’incarnent le mieux le sentiment national et les besoins généraux du moment. Si le souverain est le plus digne, il domine ses ministres il règne et gouverne ; s’il n’est pas le plus digne, ses ministres, portés au pouvoir par le sentiment public, le suppléent et le dominent il ne gouverne pas, et ne règne que nominalement. L’essentiel, au point de vue libéral, c’est que l’État ne s’occupe que des intérêts généraux, et que ces intérêts soient réglés conformément au sentiment général. Dans le régime monarchique, la prédominance de l’opinion publique est assurée par le jeu de la responsabilité ministérieUe dans le régime républicain, elle l’est par la durée limitée du pouvoir exécutif. Le libéralisme accepte également ces deux régimes, et surtout, sans méconnaître la supériorité logique dn second, il admet pleinement les raisons relatives et historiques qui peuvent en beaucoup de circonstances l’empêcher de prévaloir sur le premier. n estime que la sélection presque infaillible par laquelle les chefs des partis montent au pouvoir dans la monarchie constitutionneHe, assure plus de garanties que l’élection répubiieaiSe, qui comporte toujours une part d’intrigue, et qui ne donne pas toujours le pouvoir an plus capable, comme l’ont montré assez souvent les élections présidentielles des États-Unis. Mais il n’est jamais exclusif, il comprend aussi bien l’Angleterre monarchique que les Etats-Unis républicains, et il se rend compte des raisons qui font durer la monarchie en ’ngteterre,et de ceUe&qui ont tiré de la même Mce, sur ~e sol américain, un type assez réussi "e la forme répmbheaine. Mais il ne comprend p.K p)us/ia monarchie sans responsabilité mi--fclle, qu’il ne comprendrait la république avec un pouvoir exécutif de durée illimitée. Dans une république les ministres ne doivent pas être responsables, puisque celui dont ils émanent se soumet lui-même périodiquement au verdict de la nation. Dans une monarchie il doivent être toujours à la discrétion de l’opinion, par la simple raison que le chef del’État ne l’est jamais.

Le libéralisme, quoique tendant aux mêmes uns que l’esprit démocratique, s’en sépare donc à la fois par sa philosophie et par ses procédés. A bien plus forte raison, est-il opposé au socialisme, qui est une exagération de la démocratie. Le socialisme poursuit l’égalité sociale, qui est chimérique, et les procédés qu’il imagine seraient, s’ils pouvaient réussir, autant d attentats à la liberté et à la propriété. U ne se rencontre sur aucun point avec le libéralisme il ignore ou méeonnait les lois organiques du progrès et jusqu’aux conditions de la nature humaine. Le libéralisme ne peut donc que le combattre chaque fois qu’il le rencontre il ne peut pas entrer dans son esprit ; il ne peut lui donner aucune satisfaction directe ; mais il n’en doit pas moins reconnaître que le socialisme comporte, avec beaucoup d’ignorance, un certain fond d’aspirations légitimes, car il répond à l’instinct du juste, au désir du bonheur qui nous sont également innés, mais auxquels l’humanité doit se résoudre à ne donner que des satisfactions incomplètes, quoique de plus en plus approximatives. Pour le libéralisme, la vie, quoiqu’incessamment facilitée et améliorée, sera toujours un combat ; mais par équité et plus encore par prévoyance, ilesttenu,nonpasdepactiseravec]esocia)isme, ce qu’il ne pourrait, mais de s’occuper de lui, et de le désarmer dans la mesure du possible, d’une part en l’éclairant, d’autre part en s’appliquaut aux réformes économiques, aux améliorations sociales qui sont compatibles avec les lois naturelles du progrès. Tout ce qui favorise l’éducation, le travail, 1 épargne et l’acquisition de la propriété est libéral. Cela n’est pas seulement affaire de législation, c’est aussi et surtout affaire d’initiative individuelle. Le propre du libéralisme, c’est précisément de ne pas tout attendre de l’État et d’exiger beaucoup de l’activité et de la prévoyance des citoyens. ll faut encore signaler, d’une manière générale, que le libéralisme d’une société peut n’être pas en rapport exact avec,saj~ Il peut se faire qu’il y ait ph~ëraS~~S dans les moeurs que dacs.Ms*C’est aMFS que, de notre temps encore, ’la liberté presque illimitée dont la presse jouit en Angleterre est une affaire de mceurs plutôt que de législation. Il y a des lois restrictives, mais la toléras ~e générale d’une part, et la modération propre des écrivains d’autre part les ont fait tomber en désuétude. Ce dernier point est essentiel. Un esprit libre peut, s’il est généreux, dépasser son devoir, mais il doit ne jamais dépasserson droit, et même souvent, par prudence, ne pas l’épuiser. C’est ainsi qu’il garantira sa liberté, sans jamais gêner celle d’autrui.