Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

crainte de la levée en masse devait avoir pour effet de prévenir l’invasion. Mais en ces matières la théorie est peu écoutée. La population s’armera si l’invasion a pour but la conquête,ou si la nation sympathise avec son gouvernement, ou s’il s’agit de repousser un agresseur ; mais elle pourra aussi rester induTérente. Toutefois l’indifférence tend à se perdre de nos jours.

Lorsque les populations prennent une part active à la guerre, elles ne jouissent plus des immunités accordées aux habitants paisibles. Généralement l’ennemi se croit en droit de sévir plus cruellement envers les citoyens armés qu’envers la troupe proprement dite. Les hommes spéciaux soutiennent quel’ennemi est obligé, par la nécessité de sa propre défense, de traiter sévèrement tout homme a.-mé qui n’est pas en uniforme et ne fait pas partie d’un corps régulièrement organisé ; d’abord, parce qu’il ne le reconnaît pas de loin comme soldat, et qu’il il ne peut pas se mettre en garde contre lui ; puis parce que l’envahisseur ne ménage les hommes et les choses que sous la condition expresse que ces hommes et ces choses ne lui soient pas nuisibles. Néanmoins, nous ne saurions justifier ces excès. On devrait traiter de la même {acon tous les hommes pris les armes à la main.

Malheureusement, dans la guerre on écoute la voix de la passion plus que celle de h raison, et on se permet des actes qu’on réprouve, qu’on flétrit énergiqnement, lorsqu’ils sont commis par l’adversaire Que celui qui se sent innocent lève la première pierre 1 D MACMCE BLOCK.

INVESTITURE. Voy. Féodalité.

mVÎOLAB !UTË. Dans la théorie constitutionnelle la personne du roi est inviolable Il ne s’agit pas de la défendre contre les assassins. Tout homme a le drojt de prétendre à .une pareille inviolabilité. Le sens de l’axiome constitutionnel est le plus restreint, il dit simplement que le souverain, qui ne peut prendre aucune mesure politique sans l’assentiment de son ministère responsable, est impeccabh et, par conséquent, irresponsable.

Telle est la théorie. La pratique ne s’y est pas toujours conformée. Malheureusement car cela prouve que la passion joue en politique un rôle plus considérable que la raison. Là où la passion se met de la partie, le droit et la justice se voilent la ligure. On ne saurait être passionné et vrai !

Ainsi donci.il est souvent arrivé que. malgré lalettre et l’esprit de la constitution, le roi constitutionnel a été reiJu responsable. On dira Le prince a violé le pacte, nous sommes donc dégagés de nos obligations. C’est une erreur ! En droit privé, lorsqu’une des-parties n’a pas tecu le contrat synallagmatique, l’autre peut quelquefois (pas toujours) se croire déliée de ses engagements, mais le droit public comporte d’antres lois. D’abord on peut dire que le prince n’a pas enfreint des dispositions qui le concernent, car, de deux choses l’nne ou les ministres n’ont pas signé les actes émanés du prince, alors ces actes doivent être considérés comme non avenus, et c’est la nation obéissante qni est coupable, c’est elle qui a transgressé la loi ; ou les ministres ont signé, et alors eux seuls sont responsables. On trouvera peut-être que nous interprétons la loi d’une manière trop littérale. Nous n’ignorons pas qu’en général la lettre tue et qu’il faut souvent s’attacher à l’esprit plus qu’à la lettre. Mais, outre qu’ici l’esprit est d’accord avec la lettre, il vaut toujours mieux se résoudre à un sacrifice et rester dans la loi qu’obtenir une satisfaction complète en sortant de la légalité..

L’histoire, d’ailleurs, donne raison à cette manière de voir. Lorsque, pour avoir satisfaction complète, on n’a pas reculé devant la violence, lorsque, par conséquent, la passion s’en est mêlée, et que l’insurrection est devenue une révolution, que s’en est-il suivi ? Une réaction, dont la violence a été proportionnée à l’action. En d’autres termes, les passions, poussant dans une direction, ont fait naitre des passions opposées, et la nation s’est vue baHottée d’une extrémité à l’autre. L’inviolabilité est une barrière invisible, créée dans l’intérêt général lorsqu’on la renverse, on ne tarde pas à la voir remplacée par une barrière visible, armée de lois de répression, qui s’appellent lois de salut public, ou transportation eK masse ou loi de sûreté géH~ra<e/ 1

Toute loi privée a sa sanction dans les codes, toute loi publique trouve la sienne dans les événements. Quand ceux-ci parlent, les peuples font leur mea cK~a M~UBiCE BLOCK. COMTtBEZ Régime constitutionnel. IRLANDE. Six siècles se sont écoulés depuis la descente des Anglais en Irlande, et leur domination n’y est guère mieux acceptée qu’à à cette époque. Bien que toutes les tentatives d’affranchissement aient échoué, vainqueurs et vaincus sontrestés profondément divisés, moins par la différence des races, que par la fausse politique qui jusque dans ces derniers temps présida aux destinées du pays.

Après sa défaite dénnitive sous le règne d’Élisabeth, l’Irlande fut soumise au même régime que les colonies. Un gouverneur, lieutenant du souverain, eut pour auxiliaires une Église épiscopale anglicane, une université anglicane, et des protestants anglais et écossais qui s’installèrent dans l’est et le nord de l’Uc. La propriété foncière fut confisquée et distribuée entre l’Église, l’université, les colons et quelques Irlandais qui avaient servi l’ennemi. A côté des anglicans, les presbytériens et d’autres dissidents établirent leurs congrégations, leurs temples et leurs écoles. La masse des indigènes fut refoulée vers l’ouest et le sud, et soumise, comme catholique, aux lois qui privaient les membres de cette communion des droits civils et politiques. Les colons formèrent l’Irlande officielle ; un Parlement fut institué à l’instar