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de Portugal son uls aîné don Pedro, alors empereur de Brésil. La Constitution de ce dernier pays s’opposant à la réunion des deux couronnes, don Pedro abdique en faveur de sa fille doua Maria et inaugure le nouveau régne en accordant une constitution au Portugal. Surgitun compétiteursous les auspicesdesgrandes puissances ;Ja France appuie don Miguel, mais l’Angleterre se prononce ouvertement pour le pouvoir constitutionnel de doua Maria, elle débarque un corps de troupes en Portugal, et cette intervention effective déjoue une seconde fois l’action rétrograde des gouvernements français, russe et autrichien.

En 1826, une nouvelle coalition se forme, et cette foisi’Angieterre s’associe à l’intervention réclamée par la France et la Russie en faveur de l’insurrection grecque. On brûle à Navarin la flotte turque.

Quatorze ans plus tard, c’est en faveur du gouvernement turc que la France intervient, et l’Europe est prête à s’embraser pour la défense d’un empire si maltraité quelques années auparavant. Après t848, les interventions se succèdent pendant assez longtemps

Intervention à Rome pour le rétablissement du pouvoir temporel du pape ;

Intervention en Crimée pour assurer l’intégrité de l’empire turc ;

Intervention en Italie pour la reconstitution de la nationafité italienne ;

Intervention en Syrie pour la protection des chrétiens du Liban ;

Intervention en Chine et Cochinchine, sous prétexte de répression d’actes de cruauté com mis sur des missionnaires, et en réalité pour élargir le cercle des relations commerciales de la France et de l’Angieterre

Intervention au Mexique, dont on connaît les tristes résultats.

En résumé, l’intervention c’est la guerre, et la guerre, c’est la subordination du génie civique au génie militaire, et, comme l’a dit avec tant de force un écrivain de talent « Avec les dangers qu’accumule laguerres’ouvrel’èredes sauveurs. Scipion fait oublier les Gracques et trace le chemin aux Césars. L’austérité des mœurs publiques s’efface progressivement devant la corruption des richesses mal acquises, l’illustration des grands généraux ccMpse toute vertu sociale. La guerre est aussi funeste aux moeurs qu’aux flnances publiques. C’est au nom du droit d’intervention que Catherine Il prélude au partage de la Pologne c’est sous l’invocation du même droit que la Prusse et l’Autriche sanctionnent cette usurpationen prenant partauxdépouilles du peuple polonais ; c’est sous couleur d’intervention que l’Angleterre a successivement dépossédé. les princes indigènes qui régnaient dans l’Hindoustan. C’est sous prétexte d’intervention que Brunswick adressait à la France révolutionnaire l’insolent manifeste auquel elle répondit par tant de victoires. Cependant la révolution française était un fait complétement Intérieur ; au moment où elle éclata, elle n’avait pas le caractère propagandiste qu’elle prit plus tard. On peut dire que les puissances intervenantes violaient l’autonomie nationale, et le principe d’intervention qu’elles voulurent légitimer par de successifs manifestes a prouvé qu’en l’absence d’un droit humain bien défini. applicable à tous les peuples quelque soitleurdegré de civilisation, solenneliementet directement accepté pareuxhorsla pression deleurs gouvernements respectifs, le droit d’intervention n’est autre chose qu’un déguisement moderne du droit de la force.

C’est lui qui légitime ces armements militaires qui immobilisent tant de bras utiles et tant de capitaux féconds ; invoquant tour à tour le droit des peuples et l’intérêt des souverains, le droit des consciences et l’intérêt des religions, il détruit demain ce qu’il a édiné la veille, change arbitrairement l’équilibre des relations internationales, et sous prétexte d’étabiirentre les peuples une même loi de justice et de civilisation, entretient leurs inimitiés.

Que dirait-on d’un tribunal jugeant sous la pression des intérêts et des passions du moment appliquant une loi qui n’a été ni définie ni consacrée et exécutant lui-même ses arrêts ? Tel s’exerce cependant aujourd’hui le droit d’intervention. Est-ce à dire que l’idée juridique, la pensée essentiellement humaine d’où il procède et qu’il invoque ne doive un jour recevoir satisfaction ? Je ne le crois pas, la question devrait se poser ainsi Au-dessus des conventions arbitraires de la politique, au-dessus des traités, au-dessus des gouvernements, au-dessus des nationalités elles-mêmes, si souvent invoquées de nos jours, y a-t-il un droit humain ? Peut-on le constituer sur des bases sérieuses durables, respectées ? QueDe convention internationale pourrait rédiger ce code des nations civilisées ? Comment seraient choisis les membres de cette convention ? Comment serait sanctionnée la constitution qui pourrait sortir de ces délibérations ? Quel lribunal connaîtrait des délits contre ce nouveau code ? Quels seraient les moyens de coercition et le mode exécutoire des arrêts de ce tribunal international qui aurait évoqué devant lui la querelle de deux peuples, les protestations d’un peuple contre le despotisme de ses gouvernants ? 2 Ainsi devrait être posée la question, si l’on voulait donner au droit d’intervention une base respectable, si l’on voulait substituer la raison à la force, le droit au fait brutal, la paix à la guerre, l’équilibre stable à l’équilibre instable, l’économie à la prodigalité, le libre concours aux sanglants débats.

Tant qu’elle ne sera pas résolue dans ce sens, nous serons en droit de condamner l’interveiltion de quelque prétexte qu’elle se couvre, car procédant de la force, elle ne peut aboutir qu’à l’arbitraire. FnANsois-ËnouABD HERVÉ. COMPAREZ Bqninbro, Europe, Garantiea internetionales. INVALIDES. Lorsqu’une nation, monarchie ou république, appelle à la défense de ses intérêts politiques, de son honneur, ou du sol