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COLONIES FRANÇAISES, 1-4.

quelques années. Ces institutions sont éminemment libres et ne relèvent en rien de l’administration, qui tout au plus leur vient en aide au moyen de subventions. Dans ce cas, ils sont visités par les inspecteurs généraux des établissements de bienfaisance qui constatent s’il est fait un utile emploi des sommes accordées.

Un crédit est inscrit chaque année au budget de l’agriculture pour être réparti entre les établissements les plus méritants.

2. D’autres colonies se recrutent parmi les enfants qui, après avoir subi un jugement, ont été acquittés comme ayant agi sans discernement.

Ces établissements sont à la fois agricoles et pénitentiaires ; sans appartenir à l’État, ils en reçoivent néanmoins une allocation fixe par jour et par tête pour chaque enfant qui leur est confié. Leurs obligations consistent à procurer à ces enfants, mis en état de liberté provisoire, l’éducation morale et religieuse, ainsi que l’instruction primaire, à leur faire apprendre un métier, et surtout à les accoutumer aux travaux de l’agriculture.

Telle est par exemple la colonie de Mettray (Indre-et-Loire).

3. La société de Mettray est organisée de manière à continuer les bons effets de son patronage aux enfants qui ont quitté la colonie, et elle s’efforce de les placer ensuite à la campagne chez des artisans et des cultivateurs, de surveiller leur conduite, et de les aider de sa protection pendant les premières années qui suivent leur sortie de la colonie.

4. Enfin, des établissements agricoles et pénitentiaires, dont le but est le même que celui de la colonie de Mettray, sont annexés aux maisons centrales de Clairvaux, de Fontevrault, de Loo et de Gaillon, et font partie intégrante de notre système pénitentiaire dont l’ensemble se trouve examiné au mot Prisons.

Eug. Marie.

COLONIES FRANÇAISES.

sommaire.
chap. i. introduction.
CSect. 1. Considérations générales, 1 à 4.
CSect. 2. Domaine colonial de la France, 5.
chap. ii. régime législatif des colonies, 6 à 11.
chap.iii. administration centrale des colonies, 12 à 14.
chap.iv. administration coloniale.
CSect. 1. Attributions des gouverneurs et commandants, 15 à 17.
CSect. 2. Chefs de services administratifs, 18 à 22.
CSect. 3. Conseils privés et conseils d’administration, 23 à 26.
CSect. 4. Administration des colonies secondaires.
CSart. 1. guyane française, 27, 28.
CSart...2. sénégal, 29 à 31.
CSart...3. cochinchine française, 32 à 38.
CSart...4. établissements français de l’inde, 39.
CSart...5. nouvelle-calédonie, 40 à 48.
CSart...6. établissements français de l’océanie, 49, 50.
CSart...7. saint-pierre et miquelin, 51, 52.
CSart...8. mayotte et sainte-marie, 53 à 58.
CSect. 5. Conseils généraux.
CSart. 1. organisation, 59 à 66.
CSart...2. attributions, 67 à 77.
chap. v. régime municipal des colonies, 78 à 85.
chap.vi. organisation judiciaire.
CSect. 1. Justice coloniale, 86 à 106
CSect. 2. Colonies pénales. (Voy. ce mot.)
chap. vii. cultes, instruction publique, bienfaisance.
CSect. 1. Cultes, 107 à 110.
CSect. 2. Instruction publique, 111 à 113.
CSect. 3. Bienfaisance, 114 à 119.
chap. viii. régime financier des colonies, 120 à 127.
chap.ix. commerce et agriculture.
CSect. 1. Régime commercial, octroi de mer, douanes, 128 à 144.
CSect. 2. Établissements de crédit, 145 à 150.
CSect. 3. Police et organisation du travail, immigration, 151 à 154.
chap. x. organisation militaire et maritime, 155 à 158.


CHAP. I. — INTRODUCTION.
Sect. 1. — Considérations générales.

1. Il est un moment dans la vie des familles où les enfants doivent être émancipés de la tutelle paternelle, assumer la responsabilité de leur existence personnelle et conquérir droit de cité. Il en est de même pour les colonies, ces enfants de la métropole, quand leur organisation est complète et qu’elles peuvent vivre de leurs propres ressources et s’administrer. Tout d’abord, elles peuvent compter sur une protection entière, les finances métropolitaines subviennent à tous leurs besoins administratifs, d’enseignement, de crédit, de viabilité, etc. ; de leur côté, elles doivent livrer tous leurs produits à des conditions d’échange non débattues. C’est le régime du pacte colonial, de la tutelle à outrance ; puis les liens se distendent, les devoirs réciproques deviennent moins impérieux, les enfants commencent à créer des relations en dehors de la famille ; de son côté, la famille réduit ses obligations et ses subsides. Les colonies participent de plus en plus à leur propre administration, elles prennent en main une part plus large de la gestion de leurs finances, elles étendent leurs relations d’affaires à l’étranger. Elles marchent, en un mot, vers une certaine autonomie et prennent part à la vie politique ; elles envoient leurs mandataires dans les assemblées où se débattent les intérêts moraux, intellectuels et financiers de la nation dont elles deviennent membres actifs.

2. C’est cette situation que les dernières années ont faite d’abord à trois de nos colonies au point de vue commercial et financier, puis au point de vue politique. La Martinique, la Guadeloupe et la Réunion, considérées comme majeures, ont été émancipées commercialement par le sénatus-consulte de 1866 et admises à la représentation législative quatre années plus tard. En même temps, la Guyane, le Sénégal et les établissements de l’Inde ont été admis à la vie politique, quoique essentiellement différents, soit quant au degré d’émancipation intellectuelle de leurs populations, soit quant à leurs moyens de production et d’indépendance commerciale et industrielle.

3. Le désir d’évacuer les bagnes et de tenter la colonisation pénale dans nos possessions lointaines, à l’imitation de l’Angleterre, a donné une certaine vie à la Guyane et une première impulsion à la colonisation de la Nouvelle-Calédonie. (Voy. Colonies pénales.)

4. Dans l’extrême Orient, nous avons jeté les