Page:Block - Dictionnaire de l’administration française, tome 1.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
ADMINISTRATION, 28-38.

ment, de l’habillement, de la nourriture, du logement, de l’instruction, de l’état sanitaire des hommes appelés sous les drapeaux ; il les distribue dans les places de guerre ; il désigne ceux qui, au besoin, doivent marcher contre l’ennemi. Si la nomination des généraux est un acte de Gouvernement, et si la victoire dans une bataille dépend du choix du commandant supérieur, le succès définitif d’une guerre de longue haleine sera dû en grande partie à la bonne gestion de l’administration militaire.

28. Ministère de la marine. Ce que le ministère de la guerre est pour l’armée de terre, le ministère de la marine l’est pour la force maritime. L’armée de terre peut être quelquefois appelée à prêter sa force à l’autorité attaquée à l’intérieur : elle a même dans son sein un corps vraiment admirable pour sa tenue, pour le choix des hommes qui le composent et pour les services qu’il rend, la gendarmerie, qui est spécialement destinée à maintenir l’ordre public. La marine militaire, au contraire, agit habituellement loin des rivages de la France, soit pour défendre l’honneur de son drapeau, soit pour protéger la marine marchande, l’une des sources de la prospérité nationale.

Sect. 2. — Sécurité publique.

29. La sécurité publique est pour le corps social ce que l’air est pour le corps humain : c’est la première condition de son existence. L’autorité qui en est plus spécialement chargée s’appelle police, mot que la science prend dans un sens plus large que le langage vulgaire. Le peuple ne voit dans la police que l’agent de la répression, qui arrête et surveille les malfaiteurs ; la science administrative lui décerne, avec Macarel, le titre de providence humaine. On verra, en passant en revue ses principales attributions, que ce n’est pas là un vain mot.

30. La sûreté de l’État doit être le premier soin de la police. Pour lui faciliter cette tâche si importante, le législateur l’a armée des lois sur les clubs et les sociétés secrètes, sur la presse, sur les afficheurs, les crieurs publics, les colporteurs, les cabarets, sur la détention d’armes et de munitions de guerre, sur les attroupements, sur l’état de siége, etc.

31. La protection des personnes est la seconde grande préoccupation de la police. Elle y a pourvu par un grand nombre de règlements destinés à écarter des citoyens d’innombrables dangers. Elle poursuit les malfaiteurs ; défend le port d’armes secrètes ; empêche la vente d’aliments malsains ; surveille le débit des matières vénéneuses ; fait éprouver les ponts, les voitures, avant de permettre leur emploi ; fait, au besoin, clore les rivières au moyen de parapets, et prescrit toutes les mesures que les circonstances peuvent exiger.

On peut encore considérer la police des subsistances et la police sanitaire et médicale, dont les attributions sont très-étendues, comme chargées de la protection des personnes.

32. Vient ensuite la protection des propriétés. Celle-ci ne se borne pas à la surveillance des voleurs. Elle renferme dans son cadre une foule de dispositions appartenant à la police rurale, la police des cours d’eau, les règlements relatifs aux objets trouvés, aux incendies, aux animaux abandonnés, etc.

33. Ce n’est pas tout. La sollicitude de la police s’étend encore sur la circulation, qu’elle débarrasse de tout ce qui peut la gêner ; sur le commerce, en surveillant les halles et marchés, les poids et mesures, en prévenant ou faisant punir les fraudes et falsifications ; sur l’industrie, par les prescriptions relatives à la liberté du travail et à l’emploi des enfants dans les manufactures, aux coalitions, à la contrefaçon, à certains ateliers, etc.

34. Le ministère de l’intérieur est chargé de la sécurité publique, et ses agents sont au besoin secondés dans leur mission par la force publique dépendant du ministère de la guerre. Tout ce qui concerne les subsistances, la santé, le commerce et l’industrie, est dans les attributions du ministère de l’agriculture et du commerce.

Sect. 3. — Assistance publique.

35. L’assistance publique est souvent considérée comme l’une des fonctions de la police, mais cette définition n’était exacte qu’aux époques et dans les pays où police était synonyme d’administration. Mais lorsqu’on donne au mot police un sens plus restreint, il convient d’en détacher l’assistance publique, pour ne pas faire croire que la société vient au secours des malheureux seulement parce qu’elle les craint.

Comme une bonne mère s’attache de préférence à un enfant disgracié de la nature, de même la société couvre de sa sollicitude particulière ses membres maltraités par le sort.

L’enfant qui, en naissant, n’est pas accueilli par ses protecteurs naturels, ses parents, ou qui les perd de bonne heure, est reçu dans l’hospice des enfants assistés ou dans un orphelinat. Si ses parents ont besoin de leurs journées pour gagner leur vie, on l’admet dans une crèche et plus tard dans une salle d’asile. L’abandon l’a-t-il fait contracter des vices, on lui procure l’éducation dans une maison de jeunes détenus ou dans des colonies agricoles.

L’homme jouissant de sa santé doit travailler ; il appartient seulement aux malades de faire appel à la charité publique. On leur ouvre des hôpitaux. Les vieillards et infirmes trouvent souvent un refuge dans les hospices et dans d’autres établissements analogues.

36. Il est ensuite des infortunes particulières, au soulagement desquelles l’administration pourvoit au moyen d’institutions spéciales. Tels sont les asiles d’aliénés, les institutions de jeunes aveugles, des sourds-muets, et l’hospice des Quinze-Vingts.

37. Enfin, des faveurs législatives sont accordées à ceux qui trouvent dans leurs propres économies les ressources que d’autres, moins prévoyants, sont obligés de demander à l’assistance publique ; nous faisons allusion aux caisses d’épargnes, aux sociétés de secours mutuels, à la caisse de retraites et à l’assurance sur la vie.

Sect. 4. — Fortune publique.

38. La gestion de la fortune publique constitue une des fonctions les plus importantes de l’administration.

L’entretien des services publics occasionne des