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titre d’Abeleré ou d’Abelecré, qui signifie femme publique. On lui assigne un logement dans quelque rue de l’habitation, et, de ce jour, elle est soumise à toutes les volontés des hommes, sans pouvoir exiger d’autre prix que ce qui lui est offert ; on peut lui donner beaucoup par un sentiment d’amour ou de générosité, mais elle doit paroître contente de tout ce qu’on lui offre.

» Chacune des villes qu’on a nommées n’est jamais sans deux ou trois de ces femmes. Elles ont un maître particulier à qui elles remettent l’or ou l’argent qu’elles ont gagné par leur trafic, et qui leur fournit l’habillement et leurs autres nécessités.

» Aussi longtemps qu’elles joignent de la santé aux agréments naturels qui les ont fait choisir pour la profession qu’elles exercent, elles sont honorées du public, et la plus grande affliction qu’une ville puisse recevoir, est la perte ou l’enlèvement de son Abeleré. Par exemple, dit l’auteur, si les Hollandais d’Axim ont quelque démêlé avec les nègres, la meilleure voie pour les ramener à la raison est d’enlever une de ces femmes, et de la tenir renfermée dans le fort. Cette nouvelle n’est pas plutôt portée aux Mauseros, qu’ils courent chez les Kabaschirs, pour les presser de satisfaire le facteur et d’obtenir la liberté de leur Abeleré. Ils les menacent de se venger sur leurs femmes, et cette crainte n’est jamais sans effet. Smith ajoute qu’il en fit plusieurs fois l’expérience. Dans une occasion il fit arrêter cinq ou six Kabaschirs, sans