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maient avec autant d’enthousiasme que les armées : car la germanisation mondiale dont Guillaume serait l’auteur, allait procurer à tous les peuples d’immenses bienfaits.

Gott mit uns ! s’écria-t-il en matière de péroraison. Oui, Dieu est avec nous ! Il existe, n’en doutez pas, un Dieu chrétien germanique qui est notre Grand Allié et qui se manifeste à nos ennemis comme une divinité puissante et jalouse.

Cette fois, le sourire d’Argensola devint un petit rire ouvertement sarcastique. Mais le docteur était trop enivré de ses propres paroles pour y prendre garde.

— Ce qu’il nous faut, ajouta-t-il, c’est que l’Allemagne entre enfin en possession de toutes les contrées où il y a du sang germain et qui ont été civilisées par nos aïeux.

Et il énuméra ces contrées. La Hollande et la Belgique étaient allemandes. La France l’était par les Francs, à qui elle devait un tiers de son sang. L’Italie presque entière avait bénéficié de l’invasion des Lombards. L’Espagne et le Portugal avaient été dominés et peuplés par des conquérants de race teutonne. Mais le docteur ne s’en tenait point là. Comme la plupart des nations de l’Amérique étaient d’origine espagnole ou portugaise, le docteur les comprenait dans ses revendications. Quant à l’Amérique du Nord, sa puissance et sa richesse étaient l’œuvre des millions d’Allemands qui y avaient émigré. D’ailleurs Hartrott