Page:Blasco-Ibáñez - Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’automne, la chute des feuilles saluerait le triomphe définitif de l’Allemagne.

Ensuite, avec l’assurance d’un professeur qui, parlant du haut de la chaire, n’a pas à craindre d’être réfuté par ceux qui l’écoutent, il expliqua la supériorité de la race germanique. Les hommes se divisaient en deux groupes, les dolichocéphales et les brachycéphales. Les dolichocéphales représentaient la pureté de la race et la mentalité supérieure, tandis que les brachycéphales n’étaient que des métis, avec tous les stigmates de la dégénérescence. Les Germains, dolichocéphales par excellence, étaient les uniques héritiers des Aryens primitifs, et les autres peuples, spécialement les Latins du Sud de l’Europe, n’étaient que des Celtes brachycéphales, représentants abâtardis d’une race inférieure. Les Celtes, incorrigibles individualistes, n’avaient jamais été que d’ingouvernables révolutionnaires, épris d’un égalitarisme et d’un humanitarisme qui avaient beaucoup retardé la marche de la civilisation. Au contraire les Germains, dont l’âme est autoritaire, mettaient au-dessus de tout l’ordre et la force. Élus par la nature pour commander aux autres peuples, ils possédaient toutes les vertus qui distinguent les chefs-nés. La Révolution française n’avait été qu’un conflit entre les Celtes et les Germains. La noblesse française descendait des guerriers germains installés dans les Gaules après l’invasion dite des Barbares, tandis que la bourgeoisie et le tiers-état