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et, puisque vous avez beaucoup lu, vous n’ignorez pas que l’Espagne, votre patrie, doit aux Germains ses qualités les meilleures. C’est de nous que lui sont venus le culte de l’honneur et l’esprit chevaleresque, par l’intermédiaire des Goths, des Visigoths et des Vandales, qui l’ont conquise.

Argensola se contenta de sourire imperceptiblement, et Hartrott, flatté d’un silence qui lui parut approbatif, poursuivit son discours.

— Nous allons assister, soyez-en certains, à de grands événements, et nous devons nous estimer heureux d’être nés à l’époque présente, la plus intéressante de toute l’histoire. En ce moment l’axe de l’humanité se déplace et la véritable civilisation va commencer.

À son avis, la guerre prochaine serait extraordinairement courte. L’Allemagne avait tout préparé pour que cet événement pût s’accomplir sans que la vie économique du monde souffrît d’une trop profonde perturbation. Un mois lui suffirait pour écraser la France, le plus redoutable de ses adversaires. Ensuite elle se retournerait contre la Russie qui, lente dans ses mouvements, ne serait pas capable d’opposer à cette offensive une défense immédiate. Enfin elle attaquerait l’orgueilleuse Angleterre, l’isolerait dans son archipel, lui interdirait de faire dorénavant obstacle à la prépondérance allemande. Ces coups rapides et ces victoires décisives n’exigeraient que le cours d’un été, et, à