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chassait comme des mendiants, dès qu’il les apercevait. Marcel et Luisa prenaient la défense de leurs neveux, accusaient le grand-père d’injustice.

— C’est possible, répondait le vieux ; mais comment voulez-vous que je les aime ? Ils sont tout le portrait de leur père : blancs comme des chevreaux écorchés, avec des tignasses queue de vache ; et le plus grand porte déjà des lunettes !

En 1903, Karl Hartrott fit part d’un projet à Marcel Desnoyers. Il désirait envoyer ses deux aînés dans un gymnase d’Allemagne ; mais cela coûterait cher, et, comme Desnoyers tenait les cordons de la bourse, il était nécessaire d’obtenir son assentiment. La requête parut raisonnable à Marcel, qui avait maintenant la disposition absolue de la fortune de Madariaga ; il promit donc de demander au vieillard pour Hartrott l’autorisation de conduire ces enfants en Europe, et de sa propre initiative, il se chargea de fournir à son beau-frère les fonds du voyage.

— Qu’il s’en aille à tous les diables, lui et les siens ! répondit le vieux. Et puissent-ils ne jamais revenir !

Karl, qui fut absent pendant trois mois, envoya force lettres à sa femme et à Desnoyers, leur parla avec orgueil de ses nobles parents, leur déclara qu’en comparaison de l’Allemagne tous les autres peuples étaient de la gnognote ; ce qui n’empêcha point qu’au retour il continua de se montrer aussi