trois mois, il n’y aurait plus d’argent pour continuer la lutte. Je ne me rappelle pas bien comment il expliquait cela ; mais il l’expliquait avec tant d’évidence que c’était plaisir de l’entendre.
Elle réfléchit un peu, tâchant de retrouver ses souvenirs : puis, effrayée de l’effort qu’il lui faudrait faire, elle se contenta d’ajouter en son propre nom :
— Figure-toi un peu ce que serait une guerre. Quelle horreur ! La vie sociale serait abolie. Il n’y aurait plus ni réunions, ni toilettes, ni théâtres. Il serait même impossible d’inventer des modes. Toutes les femmes porteraient le deuil. Conçois-tu pareille chose ? Et Paris devenu un désert ! Paris qui me semblait si joli tout à l’heure, en venant au rendez-vous ! Non, non, cela n’est pas possible… Tu sais que le mois prochain nous allons à Vichy ? Ma mère a besoin de prendre les eaux. Et ensuite nous irons à Biarritz. Après Biarritz, je suis invitée dans un château de la Loire. Au surplus, il y a mon divorce : j’espère que notre mariage pourra se célébrer l’été prochain. Et une guerre viendrait déranger tous ces projets ? Non, je te répète que cela n’est pas possible. Mon frère et ses amis rêvent, quand ils parlent du péril allemand. Peut-être mon mari est-il aussi de ceux qui croient la guerre prochaine et qui s’y préparent ; mais c’est une sottise. Dis comme moi que c’est une sottise. Dis, je le veux !
Il dit donc que c’était une sottise ; et elle, tranquil-