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Ce mot suffit pour que le père devinât le cruel message qu’ils lui apportaient.

— Ô mon fils !… balbutia-t-il en s’affaissant dans un fauteuil.

Le sénateur venait d’apprendre la funeste nouvelle au ministère de la Guerre. Jules avait été tué dès le début de l’offensive, près d’un village dont le rapport officiel donnait le nom ; et ce rapport spécifiait que le sous-lieutenant avait été enterré par ses camarades dans un de ces cimetières improvisés qui se forment sur les champs de bataille.

La mort de Jules fut un coup terrible pour les Desnoyers. Le sénateur usa de tout son crédit pour leur procurer au moins la triste consolation de rechercher la tombe de leur fils et de pleurer sur la terre qui recouvrait la chère dépouille. Avant d’obtenir du grand état-major l’autorisation nécessaire, il dut multiplier les démarches, forcer de nombreux obstacles ; mais il insista avec tant d’opiniâtreté et mit en mouvement de si puissantes influences qu’il finit par atteindre son but. Le ministre donna ordre de mettre à la disposition de la famille Desnoyers une automobile militaire et de la faire accompagner par un sous-officier qui, ayant appartenu à la compagnie de Jules et ayant assisté au combat où celui-ci avait été tué, réussirait probablement à retrouver la tombe. Lacour, retenu à Paris par ses devoirs d’homme politique, — il ne pouvait se dispenser d’assister à