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pas moins qu’il lui donnât le bras. Elle avait un perpétuel besoin de le soigner, de l’aider comme un enfant, et elle était presque fâchée de le voir se rétablir si vite.

Lorsqu’il n’eut plus besoin de canne pour marcher. Desnoyers et le sénateur jugèrent que le moment était venu de donner à ce gracieux roman le dénouement naturel. Pourquoi retarder plus longtemps les noces ? La guerre n’était pas un obstacle, et il semblait même qu’elle rendît les mariages plus nombreux.

Eu égard aux circonstances, les cérémonies nuptiales s’accomplirent dans l’intimité, en présence d’une douzaine de parents et d’amis. Ce n’était pas précisément ce que Marcel avait rêvé pour sa fille ; il aurait préféré des noces magnifiques, dont les journaux auraient longuement parlé ; mais, en somme, il n’avait pas lieu de se plaindre. Chichi était heureuse ; elle avait pour mari un homme de cœur et pour beau-père un personnage influent qui saurait assurer l’avenir de ses enfants et de ses petits-enfants. Au surplus, les affaires allaient à merveille et jamais les produits argentins ne s’étaient vendus à un prix aussi élevé que depuis la guerre. Il n’y avait donc aucune raison pour se plaindre, et le millionnaire avait retrouvé presque tout son optimisme.

Marcel venait de passer l’après-midi à l’atelier, où