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intestîns démesurément longs, fut toujours encline à voir dans la guerre un moyen de satisfaire ses appétits et à l’exercer comme une industrie plus profitable que les autres. L’histoire des Germains n’est qu’une série d’incursions dans les pays du Sud, incursions qui n’avaient pas d’autre objet que de voler les biens des populations établies sur les rives tempérées de la Méditerranée. Le peuple germanique n’a que trop bien conservé ces traditions de brigandage, et les Boches d’aujourd’hui ne sont ni moins cruels, ni moins avides, ni moins pillards que les Boches d’autrefois. Si le kronprinz, les princes et les généraux dévalisent les musées, les collections, les salons artistiques, l’homme du peuple, lui, fracture les armoires des fermes, y agrippe l’argent et le linge de corps pour les envoyer à sa femme et à ses mioches. Quand j’étais à Villeblanche, on m’a lu des lettres trouvées dans les poches de prisonniers et de morts allemands : c’était un hideux mélange de cruauté sauvage et de brutale convoitise. « N’aie pas de pitié pour les pantalons rouges, écrivaient les Gretchen à leurs Wilhelm. Tue tout, même les petits enfants… Nous te remercions pour les souliers ; mais notre fillette ne peut pas les mettre : ils sont trop étroits… Tâche d’attraper une bonne montre ; cela me dispensera d’en acheter une à notre aîné… Notre voisin le capitaine a donné comme souvenir de la guerre à son épouse un collier de perles ; mais toi, tu