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fusillade ne se généralisât et n’arrivât jusqu’au lieu où ils étaient. Les soldats, avec la prestesse que donne l’habitude, et avant même d’en avoir reçu l’ordre, s’étaient rapprochés de leurs fusils braqués aux meurtrières.

Les visiteurs se remirent en marche. Ils descendirent dans des cryptes qui étaient d’anciennes caves de maisons démolies. Des officiers s’y étaient installés en utilisant les débris trouvés dans les décombres. Un battant de porte posé sur deux chevalets de bois brut formait une table. Les plafonds et les murs étaient tapissés avec de la cretonne envoyée des magasins de Paris. Des photographies de femmes et d’enfants ornaient les parois, dans les intervalles que laissait libres le métal nickelé des appareils télégraphiques et téléphoniques. Marcel vit sur une porte un Christ d’ivoire jauni par les années, peut-être par les siècles, sainte image transmise de génération en génération et qui devait avoir assisté à maintes agonies. Sur une autre porte, il vit un fer à cheval percé de sept trous. Les croyances religieuses flottaient partout dans cette atmosphère de péril et de mort, et en même temps les superstitions les plus ridicules y reprenaient une force nouvelle sans que personne osât s’en moquer.

En sortant d’une de ces cavernes, Marcel rencontra celui qu’il attendait. Jules s’avançait vers lui en souriant, les mains tendues. Sans ce geste, le père aurait