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surprise de trouver son fils transformé. Les mains qu’il venait de serrer étaient fortes et nerveuses ; le visage qu’il contemplait avec tendresse avait les traits accentués, le teint bruni par le grand air. Six mois de vie intense avaient fait de René un autre homme. Sa poitrine s’était élargie, les muscles de ses bras s’étaient gonflés, une physionomie mâle avait remplacé la physionomie féminine de naguère. Tout dans la personne du jeune officier respirait la résolution et la confiance en ses propres forces.

René ne fit pas moins bon accueil à Desnoyers qu’à son père, et il lui demanda avec un tendre empressement des nouvelles de sa fiancée. Quoique Chichi écrivît souvent à son futur, il était heureux d’entendre encore parler d’elle, et les détails familiers que Marcel donnait sur la vie de la jeune fille apportaient pour ainsi dire à l’amoureux le parfum de l’aimée.

Ils s’étaient retirés tous les trois un peu à l’écart, derrière un rideau d’arbres où le vacarme était moins violent. Après chaque tir, les pièces lourdes laissaient échapper par la culasse un petit nuage de fumée qui faisait penser à celle d’une pipe. Les sergents dictaient des chiffres communiqués par un artilleur qui tenait à son oreille le récepteur d’un téléphone. Les servants, exécutant l’ordre sans mot dire, touchaient une petite roue, et le monstre levait son mufle gris, le portait à droite ou à gauche avec une docilité intelligente. Le tireur se tenait debout