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dissant cela ferait !… Huit ou dix secondes s’écoulèrent, qui parurent très longues à Lacour ; puis il entendit comme un tonnerre lointain qui paraissait venir des nuées. Les nombreux mètres de terre qu’il avait au-dessus de sa tête amortissaient les détonations : c’était comme un coup de bâton donné sur un matelas. « Ce n’est que cela ? » pensa le sénateur, désormais rassuré.

Plus impressionnant fut le bruit du projectile qui fendait l’air à une grande hauteur, mais avec tant de violence que les ondes descendaient jusqu’à la baie du poste. Ce bruit déchirant s’affaiblit peu à peu, cessa d’être perceptible. Comme aucun effet ne se manifestait, Lacour et Marcel crurent que l’obus, perdu dans l’espace, n’avait pas éclaté. Mais enfin, sur l’horizon, exactement à l’endroit indiqué tout à l’heure par le commandant, surgit au-dessus de la tache sombre du bois une énorme colonne de fumée dont les étranges remous avaient un mouvement giratoire, et une explosion se produisit pareille à celle d’un volcan.

Quelques minutes plus tard, toutes les pièces françaises avaient ouvert le feu, et néanmoins l’artillerie allemande ne donnait pas encore signe de vie.

— Ils vont répondre, dit Lacour.

— Cela me paraît certain, acquiesça Desnoyers.

Au même instant, le capitaine s’approcha du sénateur et lui dit :