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blessure, et il n’en continuait par moins son service. « Ce diable d’homme, pensa Marcel, est d’une urbanité terriblement mielleuse ; mais n’importe, c’est un brave. »

Le poste du commandant était une vaste pièce qui recevait la lumière par une baie horizontale longue de quatre mètres et haute seulement d’un pied et demi, de sorte qu’elle ressemblait un peu à l’espace ouvert entre deux lames de persiennes. Au-dessous de cette baie était placée une grande table de bois blanc chargée de papiers. En s’asseyant sur une chaise près de cette table, on embrassait du regard toute la plaine. Les murs étaient garnis d’appareils électriques, de cadres de distribution, de téléphones, de très nombreux téléphones pourvus de leurs récepteurs.

Le commandant offrit des sièges à ses visiteurs avec un geste courtois d’homme du monde. Puis il étendit sur la table un vaste plan qui reproduisait tous les accidents de la plaine, chemins, villages, cultures, hauteurs et dépressions. Sur cette carte était tracé un faisceau triangulaire de lignes rouges, en forme d’éventail ; le sommet du triangle était le lieu même où ils étaient assis, et le côté opposé était la limite de l’horizon réel qu’ils avaient sous les yeux

— Nous allons bombarder ce bois, dit le commandant en montrant du doigt l’un des points extrêmes de la carte.