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table. La conquête d’un kilomètre de terrain représente aujourd’hui plus d’efforts que n’en exigeait, il y a un siècle, la prise d’assaut d’une forteresse, de ses bastions et de ses courtines. Par conséquent, ni l’une ni l’autre des deux armées affrontées n’avancera vite. Cela va être lent et monotone, comme la lutte de deux athlètes dont les forces sont égales.

— Mais pourtant il faudra bien qu’un jour cela finisse !

— Sans doute, mais il est impossible de savoir quand. Ce qu’il est dès maintenant permis de considérer comme indubitable, c’est que l’Allemagne sera vaincue. De quelle manière ? Je l’ignore ; mais la logique veut qu’elle succombe. En septembre, elle a joué tous ses atouts et elle a perdu la partie. Cela donne aux Alliés le temps de réparer leur imprévoyance et d’organiser les forces énormes dont ils disposent. La défaite des empires centraux se produira fatalement ; mais on se tromperait si l’on s’imaginait qu’elle est prochaine.

D’ailleurs, pour Tchernoff, cette immanquable déroute des nations de proie ne signifiait ni la destruction de l’Allemagne ni l’anéantissement des peuples germaniques. Le révolutionnaire n’avait pas de sympathie pour les patriotismes excessifs, n’approuvait ni l’intransigeance des chauvins de Paris, qui voulaient effacer l’Allemagne de la carte d’Europe, ni l’intransigeance des pangermanistes de Berlin, qui voulaient