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ôte toute espérance de venir prochainement nous voir à Paris, il n’est pas impossible que la non moins savante avance stratégique des nôtres nous procure un de ces jours le plaisir d’aller vous faire une petite visite à Berlin.


Ce qui tenait lieu à Marcel des longues stations dans les églises, c’étaient les fréquentes visites qu’il faisait à l’atelier de son fils pour avoir le plaisir d’y causer de Jules avec Argensola, lequel avait été promu à la fonction de conservateur de ce maigre musée en l’absence du « peintre d’âmes ».

La première fois qu’Argensola reçut la visite de Marcel, il dut entrecouper bizarrement ses paroles de bienvenue par des gestes qui tendaient à faire disparaître subrepticement un peignoir de femme oublié sur un fauteuil et un chapeau à fleurs qui coiffait un mannequin. Marcel ne fut pas dupe de cette gesticulation significative ; mais il avait l’âme disposée à toutes les indulgences. Rien qu’à entendre la voix d’Argensola, le pauvre père avait pour ainsi dire la sensation de se trouver près de son fils ; et ce qui lui facilitait encore une si douce illusion, c’était ce milieu familier où tous les objets avaient été mêlés à la vie de l’absent.

Ils parlaient d’abord du soldat, se communiquaient l’un à l’autre les dernières nouvelles reçues du front.