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— Tu as fait cela ! s’écria Chichi enthousiasmée. Tu as fait cela !

Elle le regardait, pâle, avec des yeux agrandis qui semblaient le dévorer d’admiration. Puis, sans se soucier de la présence de sa mère :

— Viens, mon petit soldat ! Viens ! Tu mérites une récompense !

Et elle lui jeta les bras autour du cou, lui plaqua sur les joues deux baisers sonores, fut prise d’une sorte de défaillance et éclata en sanglots.


Après la bataille de la Marne, Luisa et Helena eurent un redoublement de zèle religieux : les deux mères étaient dévorées de soucis au sujet de leurs fils, qui combattaient pour des causes contraires sur le front de France. Et Chichi elle-même, lorsque René eut été envoyé dans la zone des armées, éprouva une crise de dévotion.

Maintenant Luisa ne courait plus tout Paris pour visiter un grand nombre de sanctuaires, comme si la multiplicité des lieux d’oraison devait augmenter l’efficacité des prières ; elle se contentait d’aller avec Chichi et Héléna, soit à l’église Saint-Honoré d’Eylau, soit à la chapelle espagnole de l’avenue Friedland ; et elle avait même pour la chapelle espagnole une préférence, parce qu’elle y entendait souvent des dévotes chuchoter à côté d’elle dans la