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trouvé la capitale si belle. En revovant l’Opéra et la place de la Concorde, il lui sembla qu’il rêvait le contraste était trop fort entre ce qu’il avait sous les yeux et les spectacles d’horreur qu’il laissait derrière lui à si peu de distance.

À la porte de son hôtel, son majestueux portier, ébahi de lui voir ce sordide aspect, le salua par des cris de stupéfaction :

— Ah ! monsieur !… Qu’est-il arrivé à Monsieur ?… D’où Monsieur peut-il bien venir ?

— De l’enfer ! répondit le châtelain.


Deux jours après, dans la matinée, Marcel reçut une visite inattendue. Un soldat d’infanterie de ligne s’avançait vers lui d’un air gaillard.

— Tu ne me reconnais pas ?

— Oh !… Jules !

Et le père ouvrit les bras à son fils, le serra convulsivement sur sa poitrine. Le nouveau fantassin était coiffé d’un képi dont le rouge n’avait pas l’éclat du neuf ; sa capote trop longue était usée, rapiécée ; ses gros souliers exhalaient une odeur de cuir et de graisse ; mais jamais Marcel n’avait trouvé Jules si beau que sous cette défroque tirée de quelque fond de magasin militaire.

— Te voilà donc soldat ? reprit-il d’une voix qui tremblait un peu. Tu as voulu défendre mon pays,